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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 10:05

Je suis actuellement à vingt mille lieues de l'Hexagone, mais l'effluve nauséabond des fabricants de l'opinion m'a piqué le nez. Il m'a fallu cracher mes glaires sur ce billet afin d'éviter de gober cet ignoble parfum qu'on nous vend pour pas cher.

 

1. Quand au château, un roi chasse l'autre...

 

                Un jour où le muguet se mit à fleurir, un serviteur du royaume bancaire fit irruption dans l'escalier qui mène au donjon du château. Affublé d'une toge rose pâle avec un macaron "Parti Socialiste" sur le torse, il s'en alla afficher de bonnes intentions à la Cour, desseins qu'il ne respecterait évidemment pas. Comme la province avait été vendue par les rois précédents à de lointains royaumes nommés Goldman Sachs et Troïka (FMI, BCE, Commission Européenne), il dit un jour à sa roture que le "changement c'est maintenant". Beau label commercial, il n'y eût pas mieux comme arme de poing pour faire un bon marketing politique que de se faire passer pour le messie, l'homme bienveillant de la situation qui fera mieux que tout le monde. Il poussa même l'affabulation jusqu'à affirmer que pour une fois, un rendez-vous aux urnes serait bénéfique pour le destin du "Tiers-Etat". C'était cacher l'idée que de leur pauvre destin, une meute de charognards en feraient un abondant festin.

Car ce que les rois nomment "élections" n'est qu'un plébiscite pour protéger la tyrannie de l'argent plutôt que de s'occuper des peuples.

Puis d'autres vassaux au chevet du roi, anoblis en tant que journalistes, experts ou intellectuels, profitèrent de cette mascarade électorale pour faire du crime économique un prosélytisme obscène. Une foule de gens, ouvriers et employés de base se cassaient les reins à la tâche pour grossir la rente de la Cour, ou bien ils coulaient une "misère tranquille" à cause d'un chômage volontairement tenu élevé. D'un côté des douves, on se gave, on ripaille, on se gausse et de l'autre, un grand nombre pourrissent, jetés en pâture par les fabricants de misère.

 

                C'était la coutume désormais au royaume : on affamait les gens non-nobles sous couvert d'une fausse crise, une rupture des stocks d'écus au trésor alors qu'il n'y avait jamais eu autant d'argent qu'auparavant. Vociférant dans les micros du château que la croissance des patates devait être au cœur des priorités, le bon roi gentilhomme qui ne faisait de mal à personne dans le meilleur des mondes, répétait la messe économique aux esclaves modernes : "Produisez plus de patates et l'Europe ira mieux si l'on maîtrise les dépenses publiques (si l'on n'augmente pas vos salaires, si on laisse crever les pauvres), si vous appliquez les réformes d'austérité préconisées (par mes prophètes de la Troïka)". Le Pouvoir cherchant à trouver du soutien et à se renforcer, il s'évertuait à se faire passer pour une victime d'une situation incontrôlable, en tant que candide solidaire du "bas peuple" affamé. Et comme les communicants de la province matraquaient à l'écran que la liberté s'acquière par l'esclavage, la plupart des roturiers finirent par se penser libres et libres de choisir leurs propres seigneurs. Ils étaient surtout libres de se taire, dociles, enhardis à la tâche et fiers de consommer, de mourir à crédit. Bienvenue au Temps de la monarchie absolue repeinte, une société néo-féodale uniformisée où les gens se sentent évoluer librement là où les hiérarchies sociales restent et demeureront toujours figées.

 

2. Mais pourquoi élire des rois s'ils sont nos ennemis ?

 

                La réponse est simple : pour que vive ce putain de système monétaire criminel. Petit saut dans le passé :

                Tout le monde se souvient qu'il fut un temps, nos ancêtres de la populace avaient tenté de faire une révolution pour en finir avec la monarchie absolue de droit divin. Mais une bande de bourgeois venus de la capitale vinrent pour usurper l'insurrection du peuple, couper la tête du roi et imposer un nouveau régime tout en gardant la même idéologie totalitaire du profit et du commerce. Les élites de 1789 prirent conscience que leur modèle monarchique ne put durer plus longtemps car le peuple avait eu l'outrecuidance d'ouvrir les yeux et avait su inverser le rapport de force entre les forces sociales de l'époque. Alors ces élites eurent une fabuleuse idée : quoi de mieux que de profiter d'un putsch populaire ? Ils ressortirent les écrits des intellectuels aristocratiques qui avaient théorisé sur la propriété privée, la liberté individuelle, la loi de la jungle dans un monde de brutes. Les théocrates du libéralisme politique avaient écrit pour la survie de leur rang social, l'aristocratie, on les appela les philosophes "Lumières"...Il y eût bien des progrès à leur reconnaître, tels l'effort de rationalisation des choses, le primat de la raison sur l’obscurantisme et la religion chrétienne, la nécessité d'en finir avec la monarchie absolue, etc. Mais écartée fut l'idée qu'un jour le peuple puisse être souverain. Car au château, la roture a toujours été assimilée à un troupeau de moutons déroutés, impulsifs et stupides, incapables de gouverner une nation. A tort, bien entendu car la population sait mieux que quiconque ce qui est bien pour elle.

 

                Alors la nouvelle classe dominante inventa une nouvelle doxa, créa un système où les dominés réclameraient eux-mêmes leur soumission, qu'ils nommèrent "démocratie représentative". Un nouveau livre d'or fut rédigé et imposé, rempli de lois et de règlements que le peuple n'avait pas le droit de voter. Il ne put seulement voter lors des élections à partir de 1871. Le Tiers-Etat, vu comme dangereux était considéré comme trop stupide pour créer la loi. Raison peu convaincante, la vérité est que le vote fut décidé car il permettait de faire taire des ardeurs des faubourgs et la vindicte populaire. Le coup d'Etat des bourgeois de 1789 parlait de liberté, de vote et de souveraineté populaire lorsqu'ils pensaient fructifier, exploiter, et profiter sans efforts du labeur d'autrui. C'était une fabuleuse invention : avant, le roi décidait par décret royal si oui ou non une entreprise pouvait prospérer et profiter. Bien souvent, le dogme chrétien interdisait même l'usure, le fait de produire de l'argent avec de l'argent. En coupant la tête du roi, les marchands et les banquiers avaient cartes et mains libres pour modeler la loi comme bon leur semblait, le tout en trompant tout un peuple qui pensait avoir révolutionné la société et trouvé la liberté. Ils dépossédaient une fois de plus les gens de leurs droits et de leur argent, pour la sécurité du peuple, bien entendu...

                La nouvelle religion du Capital prêchée par les journalistes, les banquiers et les dirigeants d'entreprises parvenait à convertir de plus en plus de fidèles grâce à une messe bien tenue. Et pour tenir cette messe, une salle fut bâtie dans chaque forteresse avec tables, craies et tableaux dans laquelle les seigneurs entassaient les petits enfants de la campagne. Cette salle eu vocation à formater les petits cerveaux à l'idéologie de l'entreprise pour qu'ils se sentent évoluer dans un gigantesque marché à la conjoncture précaire. La puissance du système ne reposait plus que sur une chose : la peur de l'avenir, la méfiance des autres, la trouille de se briser ses œillères.

 

                Le problème qui fâcha le Capital, c'est que plus le temps passait, moins les gens du royaume eurent peur. En libéralisant l'action de l'Etat pour augmenter la liberté des échanges, les élites ont aussi augmenté la force d'action des dominés, qu'on appelait désormais prolétaires. Nombre de petits écuyers, vassaux et autres serviteurs se mirent à faire de la désobéissance civile leur leitmotiv, mot d'ordre principal de résistance. Quelle ignominie ! Quelle félonie ! Ils se mirent à faire grève, à demander plus de droits, à résister contre l'arbitraire en avançant dans la rue les poings serrés vers le haut avec des banderoles rouges et noires. Des choses assez inhabituelles sortirent du bas-fond des mines et des ruelles, comme syndicats, partis politiques ouvriers, barricades, envies de résistance, d'insurrection populaire et de rébellion contre des classes possédantes, contre tous représentants du pouvoir. On entendit même des intellectuels et des travailleurs parler d'autogestion, d'anarchisme, de société libertaire affranchie de toute autorité et des hiérarchies horizontales.

                A travers les siècles, ces idéaux libertaires et socialistes furent d'abord réprimés : les seigneurs du monde se mirent à vendre plus d'armes afin de contenir les pulsions populaires, par peur de perdre le poker mais aussi par cupidité. Les chevaliers armés jusqu'aux dents prêts à bondir et décervelés, autrement nommés "CRS", furent déployés dans les bidonvilles à chaque mouvement trop brusque de la classe moyenne. Comme les lois de la république seigneuriale étaient désormais rédigées par la noblesse de l'Empire capitaliste, le vote n'avait absolument aucune influence sur le pouvoir, mais servait juste d'écran de fumée. Que l'on dessine des fleurs de lys, des roses ou du bleu sur les drapeaux n'avaient aucune importance aux yeux des maîtres du monde, puisque de toute façon, les hommes d'affaires affublés en gouvernants républicains mettaient leur château fort à vendre.

 

                Pire, les charognards élus à la tête des institutions politiques durent à présent se justifier auprès des marchands du Temple pour valider leur politique. Tout gouvernement dût demander une permission préalable aux rentiers avant de décréter une loi. Des multinationales de la finance s'arrogèrent le droit de décider quel fief fut bien géré ou non. Quel fief pourrait faire un emprunt à un autre fief ou non. Chaque individu ne fut pas un humain, mais un client dont ses écus lui seront dépossédés sur un énorme marché. Avec toujours pour toile de fond la fameuse croissance, il fallut, même avec une rose sur le torse, que chaque individu soit un mini-chef d'entreprise.

 

                Car pour les exploiteurs des deux hémisphères, la croissance (des dividendes nets d'imposition) dépend des travailleurs. Mais dans les fêtes mondaines à la Cour, on affiche des idées de solidarité on déplore les inégalités en oubliant la question de la répartition intelligente des patates produites en une année. Chaque loi, chaque gouvernement n'eût pas pour rôle de protéger le peuple, mais de protéger la loi, la propriété privée, l'argent et l'idéologie dominante. En quelques années de gangrène néolibérale, les nouveaux rois parvinrent à bâtir un véritable Empire totalitaire à l'intérieur même des seigneuries républicaines et démocratiques. De sorte que chaque politique publique ne finisse par être le reflet d'un lobbying privé permanent pour le compte des marchands de tapis qui arnaquent leurs clients dans la basse-cour.

 

3. Au nom du progrès, ils s'engraissent et on régresse...

 

Au nom du progrès, la nouvelle société postmédiévale uniformisait les Êtres dans le même moule afin de contenir les dissidences. Puis les rois ouvrirent la herse d'entrée du château, par foi en l'idéologie des privatisations, soit disant pour être plus libres. Mais une meute de fauves actionnaires s'installa dans les douves pour assiéger le château. Ces pauvres cupides promirent une myriade de billevesées pour s'installer dans la basse-cour, promesses comme quoi un Nouvel Ordre Mondial, la dérèglementation des échanges, supprimeraient la pauvreté, l'inflation et le chômage.

 

C'est ainsi qu'une terrifiante armée de cols blancs armés de chiffons agités et de titres de transactions, nommés General Motors, Unilever, Monsanto, Coca-Cola, Mc Donald’s, Nestlé, Total ou bien encore Veolia, Areva, etc. (ils étaient nombreux) purent ainsi rentrer librement dans l'édifice. Ils exploitèrent désormais les terres du domaine, et rapatriaient les capitaux dans des paradis fiscaux. Des fonds de pension étrangers mirent les gens sur la paille et des seigneuries telles que Goldman Sachs, S&P's ou autres mécréants des fonds d'investissements spéculèrent sur le Trésor du roi, ses créances, et déclarèrent la forteresse insolvable. En trente ans de siège, les ponctions dans les caisses du Trésor amenèrent la famine. La pagaille était semée, les pauvres se firent la guerre entre eux, se trompèrent d'ennemis en refusant de voir que le tourment provenait du cheval de Troie. Le seigneur se fit passer pour une victime d'une situation incontrôlable alors qu'il avait lui-même brisé toutes les protections de l'édifice.

 

                En réalité, au nom du progrès encore, toute la populace avait été spoliée et pillée depuis des dizaines de siècles. Car le progrès n'avait de sens que s'il profitait aux puissants et tout le reste du commun des mortels était enrôlé de force dans une sorte de camp de concentration planétaire. Les maîtres du monde avaient réussi à imposer une société pathologique où les seules valeurs reconnues comme vertus étaient le travail et l'argent. Nul travaux pour faire avancer la société, aider les gens, nuls travaux pour l’art ni pour la création. Tout pour le pognon, il faut vendre et revendre à bons prix. Ce schéma menait l'individu à courir de manière névrotique après la monnaie sans qu'elle ne lui appartienne, car vouée à être consommée et transférée sur les comptes bancaires des mêmes prédateurs financiers. Cette frénésie poussa l'Humanité dans une grande régression que l'Histoire et ses livres scolaires appelaient progrès. La vérité devait être détournée pour que les héritiers du passé croient aux mythes fondateurs de la démocratie châtelaine et aux bienfaits du marché libéré de toutes ses contraintes. Ainsi pour anecdote, l'on retint au royaume un fameux slogan "jouir sans entraves", issu de 1968, des petits étudiants bourgeois de gauche devenus vingt ans plus tard des bons petits patrons ou managers au tournant crucial du néolibéralisme.

 

4. François Hollande, roi socialiste ?

 

                Il fut plus aisé d'usurper la vérité une fois que le peuple asservi eût consenti à sa soumission et qu'il soit drogué au dollar pour libérer ses pulsions consuméristes. Médias, technologies, gadgets superflus, publicités, gavage à outrance des ventres avec de l'agroalimentaire OGM, la société du spectacle atteignait son paroxysme. Le Pouvoir et sa foi pour le Dieu Capital purent alors matraquer la roture avec d'innombrables informations caduques, apeurer les esprits pour épurer l'esprit critique. Mais la foule désordonnée des âmes apeurées put s'arrêter d'obéir à tout moment, et les puissants de cet Empire si fragile savaient bien que si les téléviseurs s'éteignaient un jour, leur domination tomberait comme un château de cartes. Mais tant que vivait l'effroyable sinistrose dans la tête des gens, alors l'Empire des marchands se portait bien.

 

                Aujourd'hui, le roi François Hollande et ses intendants dans d'autres provinces acceptent de se soumettre à la finance et au comme de vulgaires filles de joie. Ils se sentent obligés de rendre des comptes parce que le Pouvoir français a de longue date agi de connivence devant les prédateurs capitalistes des institutions financières internationales. La nouvelle présidence pourrait décréter que la dette publique est illégitime et qu'elle doit être répudiée pour grande partie. L'Etat aurait la pleine légitimité pour nationaliser les banques, pour l'intérêt général. Mais la réalité est toute autre, les classes exploitées et classes moyennes restent en bas de l'escalier lorsque les seigneurs du château reçoivent les émoluments et dividendes gouleyants des prédateurs qui ont assiégé la forteresse. Tout le monde est content, sauf le peuple évidemment.

               

Combien d'années encore, brave peuple roturier, croiras-tu toujours au changement par les urnes? Et quand prendras-tu les pavés dans ta main gauche ? Quand reprendras-tu, brave peuple roturier, les armes de l'intelligence et quand lanceras-tu l'insurrection contre le Capital, l'autorité du pouvoir, la propriété et l'ordre au lieu de se tromper d'ennemi et d'injecter de la peste rose, brune ou bleue marine dans les urnes ?

 

Samuel Moleaud.

7 Septembre 2012.

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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 07:36

Ce billet est une note envoyée à des milliers de kilomètres de l'Europe, opinion mesurée à chaud des conneries qu'on peut lire dans la presse numérique en permanence. Alors il paraît que ça va mal en Europe, de l'Espagne à la Grèce en passant par la France, l'Allemagne et le Bénélux (Pays-Bas, Luxembourg, Belgique) ? Ah oui, j'oubliais. La crise ! Diantre ! Crise de la Dette, crise de l'euro, crise du bon sens, crise de la raison, crise d'épilepsie à force d'avoir les yeux rivés sur les écrans boursiers ! Ah ! Les courtiers attaquent leurs propres pays. Sont-ils devenus fous ? Pas du tout ! C'est l'histoire du plus grand hold-up de l'Histoire de l'Europe. Nous sommes en 2012, bienvenue dans le monde merveilleux du néolibéralisme avancé où les marchands se disent démocrates.

 

-L'Europe du nord dans le colimateur des charognards

 

                Je ris jaune. Il y a trois ans, A. Merkel et N. Sarkozy s'appliquaient à dire que la dette publique grecque était due à une mauvaise gestion de l'économie et qu'en gros, cela n'arriverait pas dans leurs latitudes. Que les mesures d'austérité à Athènes résorberaient le gonflement de cette dette. En tant que bons pantins porte-paroles des grandes banques d'affaires, neufs plans de rigueur furent imposés au peuple grec en représailles de fonds alloués au gouvernement. Ces "plans" successifs n'ont eu pour conséquence que d'aggraver l'économie et la situation sociale de la population est pire qu'avant le premier prêt. Les milliards d'euros dits "d'aide" ont transités des banques vers la BCE, pour revenir au final aux banques privées, qui ont rachetés les titres de la dette. L'Etat grec et son peuple ont été pillés comme jamais.

                Et en ce début Août, je vois que la guerre économique frappe maintenant l'Allemagne et le Benelux à son tour. Alors que la presse française saute du tour de France aux JO de Londres, je lis entre deux fais divers que les agences de notation (Moody's et S&P's) viennent de placer l'Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg sous "surveillance négative". Vous savez, le fameux passage du "triple A" au "A+" ou je ne sais quoi, qui fait augmenter les taux d'emprunts d'un pays sur les marchés financiers. Autrement dit, quelques banquiers s'arrogent le droit de dégrader les conditions d'emprunts de trois Etats riches s'ils ne prennent pas de mesures pour résorber leur dette publique. J'ai déjà vu ça quelque part... Ceux-ci font quand-même partie des plus riches de la planète. Le coup d'Etat de la finance bancaire sur les Nations européennes poursuit son cours.

 

                Moi qui suis un peu crédule, je n'ai pas fait mes classes à l'ENA, je me questionne : comment est-il possible qu'une agence bancaire puisse "noter" ou sanctionner un Etat-Nation ? Moi qui pensais que l'Etat était une entité juridique légitime dans son autorité suprême, me voilà brouillé ! Pourquoi les gouvernements de l'Union Européenne seraient-ils mis sous surveillance par des banquiers ? Ils ont le pouvoir politique, la légitimité pour créer des lois de sauvegarde des intérêts publics, n'est-ce pas ? Ah mais oui ! L'Etat n'est plus souverain sur la création monétaire, et il est interdit pour la Banque Centrale Européenne de prêter directement à un Etat membre. Comme ce mécanisme est proscrit par le droit européen, les Etats membres empruntent auprès des banques privées, qui elles, sont des entreprises d'investissement, d'affaires. Du coup, l'Etat fait un emprunt à 17% pour rembourser ses dettes antérieures, et creuse encore plus sa dette publique lorsqu'il multiplie les emprunts. Mais la plupart des dettes publiques sont d'anciennes créances privées pourries rachetées par les Etats pour "sauver" les banques. Et les gouvernements fantoches refusent de faire payer leurs bailleurs de fonds. Le chat se mord la queue juste pour éviter de se voir dans le miroir. Stupidité de cette économie de crédit qund tu nous tiens ! Cela évite de demander aux multinationales et aux riches de payer leurs impôts, d'interdire l'évasion fiscale tout en faisant reposer le pillage général d'un continent sur son peuple.

 

- Une série de putschs prémédités, élites contre peuples.

 

                Lorsque les banques d'investissement menaçaient de faire faillite en 2008, les Etats ont racheté les créances pourries, renfloué les banques, ce qui a creusé à plus de 50% la dette publique. En 2010-2011, les créanciers étrangers de la zone euro se sont mis à spéculer sur les titres de monnaie auprès des marchés sans que les gouvernements néolibéraux ne réagissent. L'année suivante, les banques qui prospèrent maintenant "demandent" aux gouvernements que les Etats remboursent leurs dettes publiques. Mais faudrait-il rappeler encore que cette dette est issue des rachats de créances privées, que les banques n'ont pas eu à rembourser un seul euro des fonds publics accordés, nommés plan d'aide ? Quelle folie. Fin 2011, trois barons de la puissante Goldman Sachs s'assoient sur le trône du pouvoir en Italie (Mario Monti), en Grèce (Lucas Papadimos) et à la BCE (Mario Draghi), renversent ainsi deux gouvernements et le directoire de la BCE sans aucune élection ni référendum populaire. Début 2012, je me souviens avant de quitter la France, que le président français heureusement déchu impliquait le pays dans un "mécanisme européen de stabilité", sorte de FMI qui contraindrait la France à n'avoir pour politique économique que la rigueur (ou plus  médiatiquement l'austérité). Son remplaçant F. Hollande reproduira la même ligne néolibérale de fusion des compétences au profit des rentiers pour la simple raison que ce n'est pas lui qui décide. Six mois plus tard, alors que l'été assèche l'Europe, la presse maintient les lecteurs dans la peur en martelant que la Grèce pourrait sortir de l'euro. Ah! Stupeur au CAC40 ! Mais pensons un peu, cela ne fait pas de mal je vous assure : rien dans les traités européens ne précise ni n'impose des conditions de sortie de l'euro d'un pays membre. Il y a des conditions d'entrée, pas de sortie. Si la Grèce ou n'importe quel autre Etat doit sortir de la zone euro, c'est le gouvernement concerné qui en fait le choix, pas les autres.

 

-TINA : There is no alternative. Vraiment ?

 

                On entend souvent dire de la part du Pouvoir qu'il n'a pas le choix. Du style "se serrer la ceinture (pour le peuple) est la seule solution et croyez-moi, il n'y a pas d'autres alternatives". Cela vient tout droit de M. Thatcher, et des néolibéraux de l'école de Chicago. Ces théoriciens partisans de la doctrine du choc économique font croire qu'il n'y a pas d'autres choix que de privatiser, de déréguler les transactions, pourquoi pas d'abolir les droits sociaux, faire la "guerre pour la paix", etc. Bref. A chaque fois que le Pouvoir impose une régression qui garrote les droits sociaux, il est bien entendu primordial de faire passer la piqûre pour bonne. Le Pouvoir se fait passer pour bien veillant, et cela marche. Car les journalistes non-censurés reproduisent toujours une idéologie concordante à l'ordre dominant, au même format pour tous.

               

                Il y avait pourtant des solutions populaires pour éviter tout ce vacarme d'austérité, de crise de la dette et de mise à mort lente par saignement du peuple. En France, en Allemagne et en Grèce, aux élections de 2012, voter pour des candidats se proposant de faire un audit citoyen pour répudier la partie odieuse de la dette publique, par exemple. Rien que la France, dans son histoire, a répudié sa dette publique à plusieurs reprises pour se maintenir. Par exemple, lassé des gaspillages de son intendant Nicolas Fouquet, Louis XIV répudie la dette et évince son intendant en le remplaçant par Colbert.

 

                Deuxièmement : nationaliser les banques pour remettre le crédit au service du peuple, aurait pu être une solution. L'Islande a tenté de le faire fin 2010 en rédigeant une Assemblée Constituante, répudiant la dette illégitime et nationalisant les deux grandes banques du pays.

 

                Troisièmement : supprimer les mécanismes de défiscalisation des hauts revenus en réinstaurant des barèmes de l'impôt sur le revenus et sur les sociétés. Instaurer un salaire maximal de 300 000 €/an au dessus duquel l'Etat taxe à 100% les bénéfices afin que les plus riches payent aussi de leur poche l'effort économique du pays.

 

                Les solutions ne manquent pas et sans priver personne, au contraire. Mais les entreprises de relations publiques (ou propagande), qui sont proches du pouvoir et du Capital, préférèrent galvaniser la haine et l'extrême-droite plutôt que d'informer les électeurs. La vraie gauche une fois coulée en Europe, il ne restait plus qu'à placer les néolibéraux de "gauche" au pouvoir, du moins en France, à un moment où le Front de Gauche commençait à bénéficier d'une aura populaire importante. C'est profitable aux rentes, aux profits des entreprises, aux marchés financiers, à la Bourse.

Il n'y a pas eu d'élection en Europe, les chefs d'Etat qui sont "élus" sont en réalité placés au pouvoir par les élites, qui réalisent un achat de la paix sociale en donnant l'impression d'un changement politique pour renforcer le pouvoir économique des banquiers sur l'UE. Demandez à une souris de croire que le chat ne lui fera aucun mal, vous croirez alors à la Démocratie et aux élections. La République au sens des philosophes du 19ème siècle est morte il y a bien longtemps, mais déjà Aristote en son temps vivant avait raison : la démocratie chavire souvent au service des tyrans en ploutocratie, le pouvoir de l'argent dans les poches de quelques uns. Nous y sommes à nouveau.

 

-La prochaine décennie sera insurrectionnelle.

 

                Ce que l'on nomme crise est une guerre du Capital déclarée aux masses prises en otage par leurs gouvernements scélérats. Les élections qui donnent un semblant de démocratie accréditent l'Empire bancaire et garrotent le peuple. Et comme les fusibles de la conscience ont été éteints par l'école et les médias, la guerre est gagnée d'avance. L'école confirme les hiérarchies pour que les chefs restent des chefs, les médias n'offrent qu'une seule vision et censurent le reste. Belle démocratie d'opinion...Au final, les mêmes chefs formés aux grandes écoles sont les plus gros consommateurs de médias et sont plus endoctrinés que la "masse" dominée : élites, journalistes et Hommes de pouvoir vont alors main dans la main, le vase est clos.

               

                Mais il y a de plus en plus de brebis déroutées qui ont compris que l'argent de ce monde de charognes n'était qu'une spéculation sur des dettes, que 80% de la masse monétaire est numérique et qu'elle ne repose que sur du fictif. Que nous vivons dans une économie de casino qui transforme le monde en camp de concentration géant au profit d'une poignée de gros propriétaires. Si les écrans s'éteignent, il n'y a plus d'économie. A un tel stade d'avancée technologique, comment a-t-on pu faire au 21ème siècle pour dépendre à ce point de l'électricité et du numérique ? La réponse est simple : l'Humanité a profondément régressé. Au nom du Progrès, elle a perdu sa réflexion globale, et est devenue l'esclave de ses propres technologies.

 

                Le plus grand mal de ces Temps est que les gens croient vivre en démocratie. Nous avons encore des libertés, beaucoup plus qu'il y a un siècle. Mais c'est cela qui tue la résistance : l'impression d'être libre. Un certain Félix Leclerc chantait "ventre plein n'a pas de rage".

               

                Lors, en Occident on descend dans la rue clamer son mépris, mais gentiment. Les manières légales de manifester (manifestation, vote, pétitions) sont légales parce qu'elles ne sont pas dangereuses pour le Pouvoir. Ce n'est qu'une question d'années. La colère monte de Québec à Mexico, d'Athènes à Madrid, en Afrique, en Asie, les causes s'unifient et se mondialisent aussi vite que les capitaux. Les banques pourront détenir l'Europe et imposer un Nouvel Ordre Mondial régit par un seul et même gouvernement nommé Goldman Sachs ou je ne sais quoi. Mais un jour, les marchands et les banquiers ne pourront plus contenir la colère des gens devenus insurgés. Comme d'habitude hélas, ce seront les gens les plus pauvres qui paieront le prix fort, qui laisseront leur vie sous les balles policières. Mais chaque Empire subit sa chute parfois aussi vite qu'il connaît l'apothéose, l'apogée. Ainsi, viendra le temps de la Révolution sociale.

 

Samuel Moleaud.

01 Août 2012.

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 09:43

La période de l'entre-deux guerres mondiales fut appelée par les historiens "La belle époque". Pour l'entre-deux tours de l'élection présidentielle française, ils pourraient réadapter le slogan par "la belle arnaque". Au lieu de saisir l'occasion de montrer quelle société voulons-nous et de se demander d'où provient le malheur pour s'en guérir, la France fonce tête baissée sans voir s'il y a un mur en face ou non. Nombre de gens sont dans la panade, ils galèrent pour vivre dans le cinquième pays le plus riche du monde, et ils votent avec les oeillères pour ceux qui les affameront encore et encore.

           

1. Le monde merveilleux du Capital.

 

            Le vote a toujours été l'instrument des puissants pour asservir les faibles. Dans la constitution de 1958 (1), le socle juridique est cimenté de manière à ce que ne soient élus que les partisans de l'économie de marché capitaliste : le premier tour des élections présidentielles donne l'impression de choisir démocratiquement son gouvernant, le second tour après élimination des têtes non souhaitables au Capital, laisse le choix entre une pomme pourrie (UMP) ou une pomme verreuse (PS). La dernière échéance électorale l'a bien montré. J'attendais un sursaut populaire que je n'aurais pu suivre que sur internet, étant à quinze mille kilomètres de la France. J'attendais une armée de petits bras et poings levés, unis pour soulever des montagnes sous les couleurs du Front de Gauche ou bien sous la simple bannière de l'intelligence, du bon sens et du bien commun. J'attendais l'abolition de la cinquième constitution, verrouillée, sclérosée, monarchie bananière déguisée en république démocratique. Et puis d'un coup tout s'effondre, l'espoir distillé depuis des semaines s'évapore en gaz toxique : les néolibéraux ont gagné l'élection et leurs acolytes nationalistes profanateurs de la haine gagnent encore du terrain.

 

            Depuis 2011, les vainqueurs des guerres du passé s'attaquent à l'économie mondiale. Une poignée d'entreprises contrôlent 80% du capital mondial, leur objectif est de tout posséder. Quelques grands spéculateurs ont déclaré la guerre aux peuples en 2011 pour acquérir les 20 autres pourcents, ceux que possèdent les pays occidentaux. Il y a un nom derrière cette poignée. Et puis un autre. Et puis encore un. On ne pourrait retenir qu'un nom, celui de Goldman Sachs, puissante multinationale qui agit dans l'ombre en plaçant ses rejetons à la tête des institutions publiques européennes (BCE, Italie, Grèce). Notons aussi les agences de notation de S&P à Moody's, qui s'arrogent le droit d'être supérieurs aux Etats et leur gouvernements fantoches en décidant arbitrairement qui peut emprunter, qui ne peut pas. Il y a une dette publique constituée d'anciennes dettes privées (celle des banques de 2008 que les Etats ont racheté à 2%) qui n'a jamais été remboursée par les banques. Une Banque Centrale Européenne qui s'interdit de prêter à ses Etats (ses propres contributeurs) et qui les oblige à faire des emprunts à 20% sur les marchés financiers, ou au FMI en échange de programmes d'austérité pour "guérir" les nouvelles dettes illégitimes (plans de rigueur, relâchement de la présence de l'Etat dans l'économie, ce qui favorise les privatisations et les entreprises privées).

            Il y a, enfin et surtout, une idéologie criminelle qui aliène les gens par le travail, les rend serviles par sa propagande, un Empire qui divise des esclaves contre des maîtres. Ce monde est vraiment étrange : on parle de progrès de l'Humanité au moment même où celle-ci se délabre et plonge de manière consentie dans un tel obscurrantisme qu'il faudra des dizaines d'années, peut-être plusieurs siècles pour qu'elle renaisse de ses cendres et répare le mal qui a été fait.

 

            Tout un cortège de possédants très puissants reçoivent les cirages de pompes et les serments d'allégeance des gouvernants politiques. Comme ils sont très serviables, en tant que rois loyaux envers leurs bons serviteurs, les possédants leurs donnent quelques bons émoluments : ils financent les partis politiques, ils les aident à se faire (ré)élire, ils font pression sur les parlements et investissent les médias pour leur donner une bonne image auprès du Tiers-état roturier. En retour, les gouvernants politiques drapés de légitimité doivent abandonner la gestion des affaires publiques, et sacrifier la population en la laissant mourir de misère ou de chômage à petit feu. Et une fois que la population consacre toute sa pensée à se demander comment  elle va manger les prochains jours, il suffit aux conquérants du pouvoir politique de leur dire qu'ils mangeront s'ils travaillent un peu plus. Ceux qui voient les médias dominants comme des lignes directrices de leur vie gobent des couleuvres à longueur de journaux télévisés. Prenons du recul sur ce que l'on entend, réfléchissons et cessons d'écouter ceux qui affirment des énormités. A force de croire que l'immigré est un danger pour la Nation, ou bien que le chômeur est la cause de la récession, ils pourront bientôt faire croire sans honte qu'on peut verser deux litres d'eau dans une bouteille d'un litre! Les Hommes politiques le savent, c'est pour cela qu'ils en jouent à coups d'éléments de langage, de manipulation lorsque leur bouche approche le micro.

 

            Ils divisent les Hommes pour dilapider tout lien social, toute solidarité. Pour que chaque Être se trouve au pied du mur et soit corvéable à la merci de ses dominants. On place l'un contre l'autre, l'immigré contre le natif, le chômeur contre le travailleur, ils font la parade de discours en discours inspirés de Phillippe Pétain en reprenant textuellement des phrases prononcées en 1940-1941 (la fête du Vrai Travail annoncée par N.S pour le 1er mai, est le slogan d'une affiche de propagande pour le régime de Vichy en 1941). Tout cela pour apeurer la gauche et draguer l'électeur du FN. Plus c'est gros plus ça passe, et cela fonctionne puisque les votes nationalistes et racistes s'amoncèlent dans les urnes. Cela confére la légitimité que les Hommes politiques ont besoin afin de cirer les pompes des entreprises multinationales et autres institutions bancaires. Ainsi, faisant fi des revendications sociales du peuple, le pouvoir impérial élimine les autres prétendants au trône par sa propagande acerbe et soigne ses ouailles élues avant l'heure. François Hollande est loin de fâcher la finance, Nicolas Sarkozy rend au fascisme l'aura qu'il avait dans les années 1930-1940. Si l'on croit à ce raisonnement, les candidats du second tour ont été indirectement choisis il y a déjà bien longtemps par ceux qui rendent le peuple aveugle, sourd et muet.

 

2. Le Grand Soir, c'est pour quand ?

 

            Alors pourquoi et pour qui voter ? Ce n'est pas qu'une question de battre la gauche ou la droite. La tentation fasciste et xénophobe n'est pas une question de convictions, elle est un rouleau compresseur qui se déploie sur le marché pour les entreprises en temps de "crise". Voici mon sentiment : faire élire François Hollande à la présidence est un instrument pour la finance de colmater les brèches de sa barque. Comme le Parti Socialiste mènera la même politique néolibérale que l'UMP depuis 2007, les gens se diront déçus de "la gauche" et iront manifester pour quelques euros de plus sur leur fiche de paie, et exclusivement contre F. Hollande. Sans voir que l'objet de leur tourment est ailleurs. Encore cinq ans de frustration relative du peuple, et celui-ci ira voter en masse pour la droite réactionnaire de J-F Copé ou pour le même clan Sarkozy en 2017, soit un investissement de long terme de la finance, un plan du Capital sur dix ans.

           

            Nous avions un J-L Mélenchon qui défraya la chronique en séduisant jusqu'à 17% des électeurs selon certains sondages non fiables. Avec l'affluence de ses meetings, son verbe, sa compétence d'orateur hors pair, son humour et son sens du bien commun, le candidat du Front de Gauche a largement réhaussé le niveau du débat politique dans cette campagne électorale. Il y avait même de quoi croire qu'il pourrait être un danger pour l'élite financière.

            On a failli croire aux lueurs d'un Grand Soir citoyen, du moins d'une présence de la vraie gauche au second tour. De sondages en sondages, J-L Mélenchon passait de 7% à 15%, parfois même 17%. Et c'est 11,7% qu'on enregistre officiellement. Y a-t-il encore des drapeaux rouges et des foulards noirs pour exciter la plèbe et faire trésaillir les coeurs d'espoir ? Sa défaite laisse une autoroute au Capital qui prolonge son bail sur la France d'au moins cinq ans, sauf insurrection urbaine, sans que personne ne s'en rende compte. Il faut dire aussi que les français ont peut-être bien ce qu'ils méritent. Ils sont comme des junkies en manque : on leur vend de la poudre aux yeux, de la propagande la plus indigeste à boire, et les électeurs l'avalent. Le pire, c'est qu'en plus ils en redemandent. Nicolas Sarkozy est un peu comme un dealer qui vend de la cocaïne à des gamins : il rend ses clients serviles avec ses doses de propagande, de telle sorte qu'ils se plaignent d'un mal-être énorme. Comme ils ont l'esprit détourné, ils pensent qu'ils sont en manque. Puis comme ces pauvres gamins ont peur que leur manque empire, ils vont revoir le dealer pour augmenter les doses. A terme, cela les tue mais ils continuent d'aduler leur bourreau. Alors, que la foule de gens qui ont voté Nicolas Sarkozy et François Hollande n'aillent pas dire en manifestations dans la rue qu'ils veulent conserver leurs droits sociaux (retraites, emploi, éducation, etc), ils étaient déjà au courant depuis 2007 et ce gouvernement de boutiquiers.

 

            Je ne sais pas si Robespierre sourit à son bourreau sur l'échaffaud un jour de 1794, j'en doute. Plus que de lui sourire, la France ricane devant la lame de la guillotine et dit à ses tueurs : "Je t'en prie, je suis une putain des bas quartiers et j'aime avoir mal, offre moi une mort lente et douloureuse, fais moi souffrir à petit feu et je t'aguicherai davantage". C'est assez affligeant de voir à quel point la France est une inconsciente qui prend du plaisir à se faire violer. Il y a du savoir-faire, des ressources naturelles, des matières premières, de l'industrie, du tourisme, une population dynamique et assez jeune qui se renouvelle, il y a tout pour innover, des territoires très attractifs, des conquêtes sociales à protéger...ce pays, cinquième au rang mondial des compétiteurs de PIB, n'a jamais été aussi riche que maintenant et a tout pour s'auto-suffire! Et pourtant, la majorité s'en va voter contre son intérêt.

 

            Il y a des choses que les possédants du Capital ne peuvent supprimer et qu'elles aimeraient toucher du doigt : le droit d'expression (vote, manifestation, pétition), la grève, les syndicats, le droit du travail. De temps en temps, il y a des ennemis (de gauche) de ce système qui se glissent dans l'arène électorale qu'ils avaient pourtant bâtie rien que pour eux. Tous les cinq ans, on demande l'avis du peuple et c'est une des seules choses qu'ils (les financiers) ne peuvent supprimer pour le moment. C'est donc leur problème majeur car si les gens ouvrent les yeux, ils seront éblouis par tant d'injustice et voudront reprendre leur pouvoir volé. Et nous avions une bonne raison, plus que jamais, en 2012 pour chasser ces rois au chevet du capital et de retrouver notre droit de décision sur les choses. Ce droit, s'appelle souveraineté populaire, et veut qu'un électeur libre et égal en droit, soit directement ou non détenteur du pouvoir. C'est ce que les grecs nommèrent par démocratie il y a 2500 ans. De plus en plus d'actifs (travailleurs et chômeurs) et de non-actifs (étudiants, retraités) sont dans la galère des mauvais jours. Ils ont perdu leur emploi, d'autres n'en ont pas trouvé. Ils ont travaillé toute leur vie et n'ont qu'une misère pour retraite et doivent passer la fin de vie dans le stress au lieu d'avoir un repos bien mérité, de profiter avant la mort. Ils sont en train d'apprendre les notions pour diriger ou commander les rênes de la société à l'université, mais ils savent en apprenant pour leurs partiels, qu'ils sont condamnés à faire des jobs de misère sous-payés. Dans le même temps, 75% des suffrages exprimés sont envoyés pour les artisans de leur misère (PS, UMP, FN). La France est une belle femme masochiste qui se fait violer brutalement par des ventripotents capitalistes, qui en plus lui dérobent son portefeuille après s'être soulagés les organes génitaux. Mais elle continue de sourire à ses gros porcs de criminels en leurs disant "encore".

 

            De la même manière qu'un ouvrier pleure son emploi lorsqu'un actionnaire sourit, la Bourse sabrera le champagne le soir du 6 mai 2012, tandis que la condition des classes dominées aura une sale gueule de bois. La consolation de cette histoire, est peut-être qu'au moins, les gens savent maintenant qu'on peut répliquer au néolibéralisme par le socialisme au Front de Gauche. Ils savent aussi qu'une partie de la population française ne se laissera jamais soumettre aux vautours et aux charognards, à la vermine du "Nouvel Ordre Mondial". Cette force en mouvement, la troisième-quatrième du paysage politique, ne gagne pas les élections dans l'arène politique, mais elle est comme un refuge de montagne à l'abri des loups, pour ceux qui voudraient goûter à ces idées de justice sociale, de liberté, d'amour, de socialisme, de lutte sociale et de Résistance.

 

Samuel Moleaud.

1er Mai 2012, Vrai jour de la Vraie Fête du Vrai Travail.

http://sam-articles.over-blog.com     

 

(1) La France fait la morale et la guerre aux monarques antilibéraux qui gouvernent les pays d'Afrique du Nord depuis trente ou quarante ans, mais oublie qu'elle n'a pas changé de régime depuis 1958, soit cinquante-quatre ans de pouvoir au service de la bourgeoisie.

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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 11:02

 

jpg_bastille.jpgLa révolte immense qui s’annonce partout dans le monde sera une réponse populaire à des années de confiscation, de frustration, de colère, de pleurs et de peurs. Les cris en ébullition qui montent doucement dans les corps et les cœurs sont en passe de jaillir de la cocotte minute. A force de cuisiner chaque population à la casserole, celle-ci a fini par se cultiver et se demander pourquoi ce sont toujours les mêmes brigands qui écrivent les lois qui font que la majorité reste au sous-sol du rang social.

Aujourd’hui, les marchands-rois continuent d’écraser leurs corps ventripotents sur les trônes dorés avec les deniers publics volés à la population. Les feuilles d’or des fauteuils de la Bourse demeurent lisses et luisantes. Dans leur tour d’ivoire aux radios mensongères, ils ont pourtant perdu à leur propre jeu : avec leurs entreprises, ils ont inventé des boîtes à propagande pour diriger les foules. Mais celles-ci commencent à déserter les télévisions. Et à discerner et filtrer les codes nauséabonds de ceux bons à consommer. Puis, de New-York à Jérusalem, de Madrid à Berlin, de Moscou à Tokyo, ils interceptent et renvoient les messages polluants dans les hauts parleurs des donjons du château fort où siège le Capital. Les rois et les seigneurs pensent leurs sujets comme des êtres malléables corvéables à merci, comme des bras articulés prêts de manière robotique à soudoyer leur autorité à tout instant. Mais c’est méconnaître que leur idylle féodale a tourné les dernières pages de son prologue.

 

1. Une forteresse assiégée par ses meilleurs alliés…

 

Car de la bêtise et de l’obscurantisme, vont bientôt émerger l’intelligence, la raison, le bon sens et l’indicible notion du bien commun pour tous. Pour preuve, en campagne, pauvres et vagabonds parlent de révolution citoyenne. L’idée de refuser de payer une dette illégitime et odieuse fait son chemin, et celle d’imposer un salaire maximum aux grands seigneurs vient d’être décrétée audible et crédible. On progresse. Partout, un même ennemi est estampillé sur les discours et les coordinations, les organisations, les actions fleurissent et se multiplient.

Car si les capitalistes du château commencent à être rattrapés par la maladie d’Alzheimer, il y en a bien d’autres, travaillant aux champs, qui se souviennent des leçons à tirer de l’Histoire. Les malades de la mémoire n’ont en tête que la tragédie d’un atroce génocide (pardon du pléonasme) antisémite pendant qu’en coulisses, ils oublient que la xénophobie est le premier proxénète du fascisme. Ils se délectent d’une tragédie historique en jouant de la victimisation à chaque mot contraire à la diabolisation, pour semer la terreur partout où ils agissent. Ils établissent un racisme d’État et s’acoquinent avec les fiefs d’extrême-droite afin de rendre profitables et «compétitives» les entreprises multiseigneuriales qui frappent aux portes du château. Mais c’est ignorer l’idée qu’elles sont là pour le détruire. D’ailleurs, il y a belle lurette que ces exploiteurs inspectent du coin de la lorgnette le coffre-fort du château et qu’ils ne payent plus l’impôt royal. Ainsi, à force de s’endoctriner de billevesées moribondes, les dirigeants du château ont cru que le danger venait de l’extérieur, qu’il venait de ceux qui voulaient passer les douves, sans voir que les banquiers et les financiers avaient spéculé sur le délabrement des murailles. Une fois la forteresse en ruines, tous les voisins pourront bien y pénétrer jusqu’à saturation, ils y mourront de faim sans concessions. Très vite, les paysans ont été réduits au chômage structurel, le château assiégé n’a plus eu d’esclaves pour importer du blé et les gardes refusant de commettre le populicide, ont retourné leurs baïonnettes contre leurs chefs. La ville-forteresse bascule alors dans une cruelle disette sous le regard hagard et mesquin des créanciers qui ricanent en haut des tours crénelées. Ces bandits vont même jusqu’à attribuer des notes lettrées à ceux qui marchandent le mieux les denrées pillées : une galette de blé vendue la moitié de son prix est sanctionnée d’un AAA. Un crédit consenti sur le pain donne un AA à l’affamé. Et tout un cortège de miséreux multipliant les prêts à taux usuriers exorbitants pour payer leurs dettes et manger ont été inscris en C ou en Défaut.

 

2. Diantre ! Ils font la révolution au château !

 

La foule au dehors, déshumanisée par le travail, le stress, l’angoisse, la dépression ou les cancers, a très vite compris mieux que quiconque ce qui était bon pour elle : manger sainement, boire, dormir, vivre et partager le plaisir charnel, élever ses enfants, jouir de santé, pouvoir se déplacer, s’amuser et/ou se cultiver. Le travail, le pouvoir, la hiérarchie, les soumissions à l’autorité, l’abandon de la dignité de soi et les humiliations ne sont pas des choses qui lui font foncièrement envie. Et même si les esclaves modernes rongent leur vie à élimer la terre ou la matière, ils ne sont pas amnésiques. A chaque frustration subie, ils savent qu’il suffit de refuser les ordres et s’affranchir de la dette seigneuriale pour reprendre le pouvoir que les marchands-rois, minoritaires, leurs ont volés. Bien sûr, ils continueront à travailler, mais cette fois-ci pour le bien de la communauté et non pour tout donner aux nobles. Car la liberté, la justice sociale et la dignité ne s’achètent pas, elles sont des femmes charmantes et envoutantes que nous nous devons de séduire.

Le peuple de la seigneurie sait que s’il n’agit pas maintenant, demain ce sera pire. Alors bientôt, il regroupera les richesses qu’il a produites et les partagera dans la famille, dans le village, dans le quartier, espérant que l’élan solidaire va même gagner tous les fiefs et les royaumes attaqués par les créanciers illégitimes. Même le medium de l’argent doit être instrumentalisé comme un bien commun, au même titre que l’eau ou l’air. L’eau et l’air sont des éléments vitaux à la vie. L’argent l’est aussi dès qu’il y a échanges de biens ou de services et interactions sociales. Une société qui tolère que 1% de ses membres possèdent 80% ou 90% du capital pendant que des Hommes meurent dans le froid sur le trottoir des rues, est une société pathologique et décadente. C’est pourquoi tout le monde doit recevoir de l’argent pour vivre, tout comme chacun respire de l’air. Pour ce faire, la nouvelle société aura plus qu’intérêt à ce que les banques soient des entreprises publiques, mises à l’abri des prédations privées. Simples questions de sécurité. Poussons un peu, il serait un progrès que le champ, l’atelier ou bien le magasin et tous autres outils matériels de production soient détenus de manière collective par ceux qui les font vivre. Qu’il n’y ait nulle propriété privée des moyens de production au bénéfice de personnes privées qui ne contribuent pas aux recettes du château pourrait être un progrès social inouï.

 

Cette chose nouvelle que l’on peut collectivement s’autoriser à prononcer désormais, possède un mot. Plus, un nom, une étiquette, un symbole, une couleur qu’on nous avait confisqués. Cela s’appelle socialisme et sa couleur rouge et noir qu’il arbore est le signe que l’Espoir et l’Amour vont bientôt supplanter la différence, la haine, le racisme et la guerre. La population en désarroi sait que s’associer aux autres rend la vie possible et que la mise en concurrence mutuelle est contreproductive pour atteindre son bonheur. Elle prend surtout conscience que ses chefs ne veulent pas son bien-être et que cet idéal socialiste, idéal de vie dans le respect d’autrui est désormais possible. Elle se met à embrasser des mots qui lui faisaient peur, des palabres de démocratie, d’autogestion, d’amour et de partage et se rend compte qu’il vaut mieux embrasser la liberté qu’un barreau de prison.

Mais plus percutante encore est la conscience de ce peuple, qui voit qu’il n’y a rien de plus beau qu’un Être désespéré qui a retrouvé le sourire et qui transmet sa joie de vivre aux autres. Une ravissante femme que l’on contemple dans la rue en dévorant ses yeux d’envie, le sentiment gratifiant de ne plus se sentir inutile, de se savoir doué pour quelque chose, le café du matin avalé avec son patron ou ses collègues, les regroupements nocturnes dans les villes… Chaque moment de la vie sociale devrait être une recherche de plaisir et non une contrainte subie. Se réattribuer le goût des plaisirs de la vie est devenu l’enjeu social majeur de nos temps contemporains, chimères que vos néolibéraux réprouvent avec véhémence. C’est pourtant ce qu’ils ont, eux, une vie de luxe et d’oisiveté.

 

Et, quand le bon sens fait sauter les lacets des œillères, les belles choses dites utopiques, impossibles, idéalistes, deviennent normales, comme devant s’imposer à l’Humanité. On prend même du plaisir à convertir sa rage et canaliser sa colère dans l’art de la poésie ou bien la musique, l’entreprise de bonne foi, le goût du don et de la solidarité. Une société dilapidée et spoliée revient toujours à ses heures de gloire où, prenant conscience de sa force décuplée, elle se met à déplacer des montagnes avec la puissance créatrice qu’est l’intelligence. C’est celle qui s’empare d’un humanisme révolutionnaire pour changer le monde sans devenir le bourreau de ses anciens inquisiteurs. La Révolution est un concept latent, dont on a l’impression qu’elle dort dans les méandres des esprits là où il y a parfois des signes qui nous montrent qu’elle est pourtant bien vivante. Qu’elle brille par son ardeur et sa splendeur. Et cette époque charnière où les aspirations utopiques se commuent en mistral d’espoir, les petits exploités du royaume savent qu’ils sont peut-être en train d’en vivre les prémices et premières esquisses. Preuve en est, les écuyers et les vassaux du village s’évertuent déjà à décrier l’inégale organisation de la vie sociale au château. On progresse. Plus qu’à s’y mettre tous. Petit à petit, les mains égarées d’affolement qui tombent sur les crânes et qui chassent l’ambition comme le vent balaye les feuilles mortes, se resserrent. C’est l’heure où les drapeaux rouges et noirs virevoltent en l’air comme pour chasser cette odeur pestilentielle d’individualisme, de racisme, de peur. Les doigts se contractent et se hissent en l’air, bras tendus et poings levés, comme message de lutte aux puissants que désormais, un citoyen est capable de rugir à la face de ses prédateurs pour les faire fuir, en tapant du point sur la table pour reconquérir sa souveraineté populaire. Qu’un citoyen n’est plus un matricule soumis, calme, timide, frêle, docile et humilié.

 

Non ! Place au peuple, et place à l’Humain d’abord ! Un citoyen de la 6ème République est un individu du 21ème siècle qui cherche le progrès social quand ses congénères se font les apôtres de la grande régression sociale. Dans son corps, pas de violence, dans son cœur pas de démence. Juste une avide soif de connaissances, une quête de sens, l’essence du bonheur partagé. Une résistance contre la dégénérescence d’une société gangrénée par le lucre. Une action sociale digne de ce nom pour une société vertueuse où chacun se redonne et s’échange les armes du savoir et du savoir-faire. Et cet humain du 21ème siècle sait qu’en chaque Être, se cache une intarissable source de talents à exploiter, modeler, travailler. Dans le 5ème royaume le plus puissant du monde, et la 2ème seigneurie la plus riche de la conjuration européenne, il n’y a jamais eu autant de richesses produites qu’aujourd’hui. On estime que le château enregistre un produit intérieur brut de 2 000 milliards d’écus par an. Mais huit millions (12,5% de la population) de roturiers vivent sous le seuil de pauvreté et 6% sont des travailleurs pauvres. En même temps, 500 grandes familles de la grande noblesse déclarent au moins 60 millions d’écus par an, jusqu’à la première (B. Arnault, LVMH) à 22 000 millions d’écus par an. Il est des roturiers qui souhaiteraient juste mettre à contribution ces familles de nobles là où leurs ancêtres du 18ème siècle leurs auraient tout simplement coupés la tête. On progresse.

 

Mais ne plongeons pas pour autant dans le dogmatisme partisan qui récupère les idées pour son compte dans l’arène de la communication et dans les arcanes du pouvoir. Méfions-nous des révolutions volées et des Hommes de bien qui se font l’avocat du diable, et lancent de la poudre aux yeux juste pour aveugler les électeurs. Le vote Front de Gauche pour la Révolution Citoyenne doit se faire mais avec méfiance, car le vote à toujours été l’instrument rêvé pour canaliser les masses et étouffer les ardeurs populaires. Et enfin, rappelons-nous que les révolutions profitent souvent aux classes bourgeoises dominantes. Conjuration de Gauche, nombre de roturiers s’apprêtent à te soutenir au royaume, et ils t’ont à l’œil si tu les trahis. Résistons en espérant que tu ne sois pas de ceux qui vendent la révolution par opportunisme politique. Un certain François Mitterrand, surintendant de Charente en son temps vivant, fit son programme électoral de 1965 à 1981 en critiquant la Cinquième Charte, celle qui lui convenait fort bien une fois passé le sacre du 10 mai !

 

Samuel Moleaud.

 

Jeudi 8 Mars 2012.

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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 11:32

…Elle ne l’écoute pas nécessairement ! Devant un peu plus de 2000 personnes, voilà que la course au pouvoir gagnait un candidat jeudi 16 février 2012. On pourrait marquer ce jour dans les anales de la démocratie, puisqu’il symbolise celui où son fossoyeur prit la parole pour annoncer le naufrage de la France dans un autoritarisme d’extrême-droite.

Ainsi, voilà que les électeurs découvraient son slogan de campagne : «La France Forte». Le portrait du candidat ? Une photo de profil au regard vide, vague, moribond, fuyant à droite du cadre, qui ne cache pas un certain rictus cynique qui pourrait signifier une pensée du style «je vais bien vous saigner». Un regard malicieux plongé vers on ne sait où, sans doute comme l’œil du crocodile qui fait mine de regarder de côté alors qu’il s’apprête à bondir pour vous croquer. Le tout sur fond d’une mer bleue d’huile, sans doute pour montrer une velléité d’apaisement là où il se nourrit en réalité avidement, du chaos qu’il va laisser au champ de ruines sociales du pays.

Avant que de s’intéresser aux mots retenus du discours d’Annecy, on voit déjà le virage de N. Sarkozy et de sa clique de l’UMP se faire vers l’extrême-droite. Il ne s’agit plus de voler des voix au Front National pour gagner une bataille électorale : depuis quelques mois, il s’agit tout simplement de mettre à sac le pays, peuple contre peuple, classe contre classe, afin de récolter les fruits d’un futur choc économique : le naufrage annoncé de la république vers une sorte de néofascisme européen. Tout y est, sur la photo : la posture autoritaire, le visage fermé, le slogan qui n’est pas sans rappeler l’idée d’une France Pétainiste lavée des faibles et des parasites qu’elle s’est donnée. Et puis les couleurs, le fond de l’image, qui semblent vouloir dire «Ne vous inquiétez pas, soyez calmes braves gens, le petit père de la Nation est là…». En un mot, la France Forte, mais nauséabonde.

Et puis vint le discours, enfin les bribes que les médias ont bien voulu nous lâcher. Son stratagème pour assurer sa réélection est de se poser en victime demandant pardon aux gens de n’avoir pas pu faire son programme en cinq ans. Comme si les critiques (des gens de gauche) qui lui sont adressées par une partie des français depuis 2003-2004, l’avaient empêché de rendre la vie meilleure en France. Nous savons désormais que c’est faire un mensonge éhonté que d’associer le président au concept du bien-être social. Le requin voudrait-il le bonheur des nageurs à la dérive ?

«Je veux rendre la parole à la France qui dit non», dit-il avant de rappeler ses projets de référendums sur les chômeurs et l’immigration. Si le candidat de l’UMP souhaite redonner la parole aux citoyens, qu’il annonce un référendum au sujet du prochain traité européen qui prévoit la ratification d’un accord passé fin janvier 2012, qui asphyxie, pille l’État de ses ressources, et qui sera appliqué et imposé en catimini.

1-Un référendum sur la formation des chômeurs ? C’est encore une bonne vieille ritournelle néolibérale et préconçue qui voudrait qu’un chômeur est quelqu’un d’assisté qui ne veut pas travailler. Ce postulat a déjà été contrecarré à mains égards, mais il persiste et signe. Plus, il enfonce le clou : il voudrait que chaque chômeur suive une formation obligatoire à la suite de quoi il serait contraint d’accepter un emploi correspondant à la formation subie et reçue, sous peine de radiation des listes de Pôle Emploi.
En France, nous sommes des millions de jeunes à sortir de l’enseignement avec au moins un diplôme de bac+2, voire bac+5 et bac+8. Les jeunes de classes moyennes et supérieures font des études supérieures pendant parfois dix ans à l’université, et sont frappés par le chômage à 25 ans à cause d’un marché du travail volontairement saccagé. Et il faudrait qu’on oblige ces jeunes à suivre une formation supplémentaire ? Donc Mr. Sarkozy devra s’expliquer avec ces familles qui sacrifient leurs modestes revenus à l’éducation de plus en plus chère pour mettre leurs mômes «à l’abri» ! Qu’il aille leurs dire à ces travailleurs pauvres qu’ils ont trimé pendant dix ou quinze ans pour rien. Et puis pour d’autres qui n’ont pas eus la chance d’aller à l’université : cela peut être une bonne idée que d’offrir des formations aux «demandeurs d’emplois», en est-ce une bonne de leur imposer des boulots à coups sur dégradants et sous-payés ? Ce mécanisme, en embauchant des hommes morts sur pattes en sous-main, risque d’aggraver encore le taux de chômage étant donné que rien ne sera fait dans le sens d’une véritable «insertion» sociale, mais au contraire, tout pour rendre les travailleurs serviles.

Et puis vient la question centrale : quelle formation pour quels emplois ? Voudrait-il obliger les chômeurs, qu’importe leur âge et leurs compétences, déjà stigmatisés et injuriés car taxés d’imbéciles, à suivre des formations de nettoyeur de poubelles, de cireur de pompes en cuir pour banquier ? Des formations de caissier après un bac+5 en économie ? Nous pourrions envisager une formation de tirailleur afin d’obliger les chômeurs de plus de 55 ans à s’engager dans l’armée pour aller tuer de l’iranien aussi tant que nous y sommes ! Non content d’avoir contribué à délabrer le tissu social de la 5ème puissance mondiale, notre président-candidat d’extrême-droite fait volte-face devant 20% de la population active, pour les frapper encore un coup de plus dans le dos.
J’ai peut-être eu l’outrecuidance d’avoir suivi des études supérieures, qui sait, la honte de m’être cultivé un petit peu pendant ce temps, bien que sans lire la Princesse de Clèves, je sais à présent que cette couleuvre néolibérale permettra de réduire les salaires des gens de condition modeste, face à une inflation qui sera, elle, galopante. Cette réforme servirait à mettre tous les chômeurs en situation de soumission, en état de repli sur soi, voir de dépression, et à multiplier les contrats à durées déterminées, les missions d’intérim courtes. En bref, réduire les coûts sociaux de production. Ajoutons à cela l’idée du président que les conditions de travail seraient négociés «de gré à gré», c'est-à-dire selon la bonne volonté de l’entreprise, cela augure la mise à mort des chômeurs.

Fin 2011, 9,6% de la population active se trouve au chômage, dont 23% des jeunes de moins de 25 ans. En comptant les autres catégories non prises en compte par l’Insee, on doit frôler les 20% de la population active au chômage. Un triste record qui signifie que chaque famille est liée au chômage, de près ou de loin. Mitrailler le droit social à l’égard des chômeurs en 2012, tel qu’il le fait, c’est prendre les gens pour des abrutis qui applaudiraient celui qui les insulte.

2- Un référendum sur l’immigration ? Monsieur S. propose de confier le contentieux des étrangers à une seule juridiction, contre deux actuellement. Le bon sens voudrait que l’on propose d’arrêter de piller l’Afrique avec nos multinationales, de laisser ces gens avoir une vie décente et qu’ils profitent de leurs ressources naturelles, de donner un peu moins l’envie à ces victimes du capital de venir, ceux qui croyant trouver un eldorado en Europe, trouvent la misère, la rue ou bien la mort. Et bien le pouvoir fait l’inverse en proposant de rendre complètement arbitraire l’expulsion des étrangers, car soumise à un seul juge administratif. Ce serait la suppression du juge des libertés et de la détention (juge judiciaire), magistrat qui contrôle la légalité des mesures de rétention administrative…C’est le juge qui s’intéresse aux conditions de détention, on comprend pourquoi il serait supprimé ! La manœuvre serait en fait, illégale au regard de la Constitution, mais comme d’habitude, cela ne gêne pas les auteurs-communicants de ces propos.

3- Je reviens ici très brièvement sur une phrase qui m’a choqué de son discours : « J’ai pu mesurer pendant cinq ans à quel point les corps intermédiaires font écran entre le peuple et le gouvernement : les syndicats, les partis, les groupes de pression, les experts, les commentateurs, tout le monde veut parler à la place du peuple sans jamais se soucier de ce que le peuple veut, de ce qu’il pense et de ce qu’il décide, comme si le peuple n’était pas assez intelligent, pas assez raisonnable » J’espère que cette citation mettra la puce à l’oreille à tous ceux qui s’apprêtent à voter pour cet homme. En utilisant l’argument de la parole au «peuple», il réutilise le vocabulaire du candidat du Front de Gauche, signe que les élites capitalistes commencent à trembler que la population souhaite avoir son mot à dire. Ensuite, il annonce en une minute qu’après avoir tranché les chômeurs et travailleurs de ce pays, il proposera une suppression des syndicats, des partis politiques et des commissions d’enquêtes ou d’expertises, sous le prétexte que ces «corps intermédiaires» (comprendre les remparts à aux pleins pouvoirs personnels), s’arrogent la parole des gens, «sans jamais se soucier de ce que le peuple veut». Si lui s’en souciait, de ce que la population souhaite, il ne se serait pas représenté aux élections. C’est vrai qu’être responsable devant les experts et les commentateurs, ça oblige à soigner son discours, c’est une tâche fatigante pour un peuple vu comme ignare ! Donc voilà ce qui nous attend : verrouillage des médias, liquidation des institutions républicaines (partis politiques, syndicats, participation politique) au profit d’un seul, le Président Père de la Nation. On a longuement taxé Mr Mélenchon de populiste car il serait un tribun assoiffé de gesticulations d’oriflammes rouge et de vindicte populaire. Cette phrase contre les «corps intermédiaires», pour le coup l’est réellement, et rappelle à mon humble sens, le populisme des années militantes d’un certain Pierre Poujade…Bref, passons.

    Ce candidat voudrait que les électeurs s’expriment sur ces deux sujets, après l’élection. Au même moment, deux projets de lois visant à ratifier un traité européen sera soumis au vote à l’Assemblée Nationale mardi 21 février dans le mépris le plus total de la population, et dans le silence le plus criant des médias. Le président-candidat sait qu’il sera refusé s’il soumet ce traité à l’approbation du peuple, et l’impose en silence sur son tandem franco-allemand, pour ne pas revivre la débâcle de De Gaulle en 1969 après avoir perdu son référendum.


4- Le Mécanisme Européen de Stabilité Financière : Mardi 21 février, les députés sont appelés à voter pour ratifier le Mécanisme Européen de Stabilité, traité instituant une sorte de FMI européen. Cette instance est censée en substance faciliter l’attribution de fonds à un pays en cas de crise de sa dette publique. Mais ce mécanisme donnera des pouvoirs exorbitants à la troïka (FMI, BCE, Commission Européenne) qui obligera les États à respecter de nouveaux critères draconiens dans leur politique économique. La politique de rigueur sera inscrite dans la Constitution (Règle d’or), avec pour toile de fond la contrainte de limiter les dépenses publiques : autrement dit, ils enregistrent dans le marbre des constitutions la privatisation et la récession des États, quiconque ferait une relance économique par la hausse massive des dépenses (impliquant des recettes supérieures), se trouverait dans l’illégalité.

    Mais il y a pire. En cas de crise de la dette, c'est-à-dire si un État membre est déclaré non solvable et "blacklisté" par ses créanciers étrangers comme étant en défaut de paiement, l’instance du MES interviendra. Celle-ci basée à Bruxelles devra être en mesure de réunir les fonds (700 milliards d’euros négociés arbitrairement et sans plafonnement) de manière «irrévocable et inconditionnelle», c'est-à-dire que les gouverneurs de l’agence (ministres des finances des gouvernements membres) puiseront dans les caisses de l’État, impôts des contribuables, sans aucun droit de regard, sans veto, et sans autorité parlementaire de contrôle. Il est prévu qu’ils pompent ces milliards en seulement 7 jours. Les gouverneurs auront une totale impunité judiciaire, mais par contre, pourront poursuivre en justice les gouvernements qui ne respecteront pas le traité ! C’est un achèvement des peuples, le traité est imposé sous forme d’une aide à la Grèce, à l’Italie, à l’Espagne, bientôt la France. Mais obliger par la loi un plombier de mettre un chewing-gum sur une fuite plutôt que de l’étain pour faire une bonne soudure, comme un État s’endette sur les marchés financiers pour payer ses dettes, c’est raisonner à l’inverse du bon sens et de «l’aide» ou de la «solidarité».
 
    En 1992, le traité de Maastricht instituait les critères de convergence, ceux vers lesquels tous les États membres devraient converger pour développer un marché unique dynamique, performant et compétitif (on aurait déjà du se méfier de ces trois mots). A l’époque, le débat était partagé entre les partisans d’une coopération économique (gouvernements nationaux souverains) et une intégration, véritable fusion des économies vers Bruxelles. Ils ont mis en place trois règles déjà impossibles à tenir avec une politique libérale : dette publique inférieure à 60% du PIB, déficit public inférieur à 3% du PIB, stabilité du taux d’inflation. Avec le Mécanisme Européen de Stabilité Financière, il s’agira de réduire le déficit non plus à 3% mais à 0,5% du PIB ! Soit un budget quasiment nul.

    Ce qu’il résulte de ce traité camouflé est clair : comme les États alourdiront en permanence leur dette publique pour contribuer au MES, ils devront continuer à emprunter des sommes dantesques aux banques privées. Et lorsqu’ils seront en crise de leur dette, ils seront contraints de transférer les compétences publiques qu’il leur restera au privé, en privatisant les services publics. Encore une fois, c’est résumé, mais les grands gagnants de ce pillage annoncé, sont les banques et les institutions financières qui parviendront à engloutir toute la zone euro. Contre ce coup d’État des financiers agissant dans l’ombre du couple Merkel-Sarkozy, une pétition a été lancée pour que chaque individu se sentent concerné adresse à chaque député une demande de refus lors du vote parlementaire (cf. mon dernier article).

    Une dictature est en train de se mettre en place en Europe, ce n’est pas que N. Sarkozy. Partout dans le continent, les partis de droite deviennent d’extrême-droite, et les sociétés sombrent dans une sorte d’oligarchie néofasciste. Je répète que c’est une reproduction de l’Histoire des classes : après une crise majeure, se forme un virage vers le socialisme ou bien le fascisme. Soit les peuples s’unissent et socialisent leurs richesses afin de ne pas recommencer les erreurs du passé, soit ils se laissent abattre en acclamant un chef autoritaire qui installe un fascisme par réaction conservatrice ! Or c’est la dernière solution que préfèrent adopter les dirigeants du capital, car un régime autoritaire (voire militaire) fasciste permet de continuer, à faire du profit sur le dos des gens (suppression des syndicats, conventions collectives, partis politiques, guerres, politiques racistes, etc.).

Ce qui est nouveau c’est que cette année, le candidat du Front de Gauche est en train de donner des armes intelligentes (la pensée) aux gens pour lutter et résister ! Jean-Luc Mélenchon est le seul candidat qui puisse réunir suffisamment de suffrages et de peser du poids pour donner une alternative anti-néolibérale et antifasciste à la France, par extension à l’Europe. Le NPA, Europe-Écologie/Les Verts et autres ne pèsent pas assez pour empêcher les terroristes financiers de prendre le contrôle des États. Et même le Parti Socialiste, s’il ne peut pas être pire que le Sarkozysme, n’empêchera pas les rentiers, banquiers et financiers de gouverner puisque son candidat est lui aussi un néolibéral et qu’il a intégré la couleuvre du remboursement de la dette, de l’austérité. Ce n’est plus une question de provenir du système ou non, de gauche ou de droite, mais de Résistance contre la dictature !

Il faut donner un maximum de voix au Front de Gauche si l’on souhaite mettre un coup d’arrêt à la guerre sociale des financiers !

Samuel Moleaud

17 février 2012.

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 10:42


72347260.gifIl y a quelques jours, interrogé par des milliers de journalistes (puisque l’info va vite, les questions aussi), le chef de l’État s’est expliqué aux français sur sa politique et a défendu avec ardeur son bilan quinquennal. A quelques semaines de l’élection présidentielle, l’évènement a été retranscrit sur tous les écrans, iphones, smartphones et la bande son du discours a même été passée dans les hauts parleurs des entrepôts et des usines. Ce, afin évidemment que les travailleurs puissent assister au rendez-vous sans perdre une miette de leur salaire.

-Un bilan contrasté et obscur, mais clair.

D’entrée de jeu, il a voulu saluer les journalistes qui l’interrogeraient tout au long de l’émission. Le président de la République a d’abord tenu à se féliciter de la loi sur la liberté de la presse (la Lolibep), qui confère une totale indépendance des journaux vis-à-vis du pouvoir. Cette loi votée dans l’inquiétude du SNJ (syndicat des journalistes), pénalise même les patrons et rédacteurs en chef qui obligent leurs salariés à s’autocensurer pour produire une information rapide, rentable et simpliste. En outre, il a défendu la première mesure de son mandat en ces mots : -les syndicats ont eu tort de s’inquiéter, j’ai par la suite finalement été remercié. J’ai été content d’avoir écouté Popeye pour gagner le bras de fer social. On m’a trainé dans la boue, mais je m’en suis lavé car je suis le combattant que le pays avait besoin. De l’écume des vagues, j’ai répliqué par l’apaisement d’une mer d’huile. Désormais, chaque article de presse est précédé d’une investigation, ou d’une enquête de terrain et les citoyens peuvent à présent réfléchir librement. Alors qu’avant, les journalistes ne pouvaient pas passer du temps à vérifier les sources ou produire des sujets intéressants. Du coup, leur seule occupation était de gloser lamentablement sur la neige, le froid, la chaleur ou le soleil. Ce temps, je le répète, est révolu.

Ne pas confondre les pouvoirs dans les mains d’un seul, et bien discerner les forces à l’intérieur de ceux-ci, est la condition sine qua non selon lui, pour atteindre une république démocratique irréprochable. A-t-il raison de trouver cette mesure positive ? On peut en douter. Depuis l’été 2007, il faut compter environ une semaine pour pouvoir trouver un journal en kiosque là où, avant son élection, les nouvelles fraîches du jour arrivaient dès six heures du matin tous les jours. Et depuis que les journalistes sont astreints de faire leur métier, les éditions sont plus volumineuses, ce qui ennuie le cadre ou le directeur qui n’a pas le temps de tout lire dans le métro en se rendant de sa banlieue morne et pestiférée de Neuilly-sur-Seine à son bureau de la Défense.

-Une fiscalité flexible mais rigide.

Sous l’œil hagard des journalistes au chevet, il a ensuite évoqué le bouclier fiscal en se réjouissant d’avoir été le président du pouvoir d’achat. Il faut rappeler qu’à peine trois mois après son arrivée au pouvoir, le seuil d’imposition des contribuables les plus modestes a été réduit à 10% afin que ce soient les «nantis» et les fortunés qui soient mis à contribution de l’effort national.
Les impôts indirects les plus injustes (Taxe sur la Valeur Ajoutée, Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers, tabac, alcool, etc.) ont été drastiquement réduits pour les travailleurs. A l’opposé, les impôts directs (Impôt sur les Sociétés, Impôt sur le Revenu, Taxe Foncière, etc.) ont été augmentés pour les rentiers qui ne travaillent pas. Se justifiant de son ultralibéralisme, le président a même annoncé pour la fin de l’année, une gratuité des carburants pour que tous puissent travailler sans charges.

En objection à cette mesure fiscale, projet phare du pacte présidentiel de 2007, les organisations syndicales ont vivement critiqué une fiscalité injuste qui n’attire pas les investissements et les capitaux compétitifs. Le président de la République a ensuite rétorqué que dans un système libéral, il est inacceptable et inconcevable que les travailleurs soient bombardés de charges pendant que les assistés vivent au crochet de la société, leur rappelant insidieusement qu’il était le président du pouvoir d’achat.

Il a tenu à dire aux téléspectateurs qu’en dépit des critiques qui lui sont adressées, il a toujours été dans l’action, qu’il ne cèderait jamais devant l’adversité et l’inaction. Faisant allusion à une probable éventuelle possible et conditionnelle annonce de candidature à l’élection présidentielle qu’il fera peut-être bientôt, mais nous n’en sommes pas sûr, le chef d’État a insisté sur le fait qu’il ne quittera jamais son peuple comme cela, comme si un seul quinquennat suffisait à concrétiser une longue histoire d’amour, et qu’un mandat supplémentaire permettrait aux travailleurs de vivre la «dolce vita». Peut-on donc se demander s’il sera candidat à sa succession ? La réponse est oui, nous pouvons nous le demander.
Quoi qu’il en soit, il est vrai qu’il doit faire face à un discrédit négligeable car jamais un président sortant ne s’est présenté avec tant d’opinions favorables : les sondages n’ayant absolument aucun sens sociologique, ils permettent néanmoins de donner un aperçu, et le président-candidat-pas-encore-candidat-qui-ne-dit-pas-qu’il-doit-juste-respecter-le-calendrier-fixé-par-la-loi, n’a jamais été en dessous de 90% d’opinions favorables depuis la crise de 2008. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé, nul ne peut déplorer un manque d’action pour convaincre les 10% restants.

-Une dette publique insoutenable mais supportable.

    Lorsqu’à l’horizon de l’automne 2008, la crise économique ébranla les milieux de la finance et atteignit l’économie réelle de tous les pays de la planète, en tant que président de l’Union, le président s’est félicité d’avoir réussi à mettre en place des mécanisme de «garde-fou» contre les prédateurs qui voulaient miner le droit du travail en France. Après avoir sauvé les institutions bancaires de la faillite, des prêts massifs de l’État auraient eus pour conséquence de saigner les portefeuilles du peuple si aucune contrepartie n’avait été exigée aux aides publiques.
    La hausse massive des dépenses publiques a permit aux démunis souffrant du chômage, de pouvoir continuer à vivre décemment et de relancer le marché de la consommation. Les allocations familiales et autres prestations sociales ont été augmentées pour les revenus modestes. Au niveau des entreprises, le gouvernement fit voter la loi TSE (Travail-sécurité-emploi) qui permettait aux salariés de travailler, sans subir l’épée de Damoclès du licenciement, avec des salaires plus élevés pour supporter la hausse du taux d’inflation. La hausse de la production ayant permit de rehausser le niveau de la demande globale, ce afin que les entreprises soient en mesure d’embaucher du personnel. Les charges patronales ont été réduites pour les très petites entreprises, pendant que les multinationales et entreprises du CAC-40 voyaient leurs cotisations patronales augmenter.

    A l’antenne, le président affirma que ces mesures ont permis de freiner les délocalisations et d’assurer l’emploi : Dans un monde globalisé, où la loi de la jungle règne, la prédation est énorme, le droit du travail est menacé, et l’État libéral doit assurer le pouvoir d’achat des citoyens (…) Jamais je n’abandonnerai devant mes collègues du G20, l’idée que l’emploi stable et maintenu évite de s’enfoncer dans la crise., incitant ses confrères européens à mettre en place une taxe des transactions financières au niveau mondial pour inviter chaque pays à reprendre en main son système productif au lieu de sous-traiter et d’exporter à tout va en Chine ou au Brésil.
    Les mécanismes de régulation issus de la crise qui ont débouché sur la semi-nationalisation des grandes banques ont d’ailleurs permit de réduire les déficits et la dette publique. Farouchement opposé à ses voisins d’appliquer la Grande Austérité, le président a agi contre les marchés financiers avec pour toile de fond, l’argument qu’une politique de rigueur et la récession détruiraient le droit du travail : On ne peut pas se passer du marché mondial, mais on peut éviter de se mettre à genoux devant les banques et les agences de notation., rappelant que les agences de notation ne sont pas là pour imposer leur doxa, et sont préjudiciables à la vie des travailleurs.
Le candidat-pas-candidat a réaffirmé son rôle en précisant que la crise avait été une aubaine pour les 10% de ses détracteurs qui souhaitent faire leur putsch et casser les droits sociaux et libertés fondamentales en imposant le garrot de la dette. A la question de D Pajadis, s’il n’avait pas été trop dur sur la gestion de la crise de la dette souveraine, voici ce qu’il a répondu : La dette avoisinait les 1700 milliards, 84% du PIB. En 2008, l’État a alloué des fonds colossaux pour sauver le système bancaire. Lorsque les banques ont enregistré une reprise de leur activité, il était normal qu’ils remboursent les prêts que les États leurs ont faits. Il s’est avéré qu’une large frange de la dette publique était issue des dettes privées des entreprises, qui avec la crise, ont réussi à s’en exonérer. Il fallait donc faire un audit pour savoir quelle part l’État devait, quelle part il ne devait pas. Donc non, nous n’avons pas été sévères, mais nous avons agi avec bon sens. Quand au paiement de cette dette réellement publique, elle se fera en cinq ans maximum.
 
Ainsi, avec la semi-nationalisation des banques, l’accélération du bouclier fiscal (hausse des prélèvements obligatoires sur les ménages gagnant plus de 300 000€ par an) et l’interdiction de placer les capitaux dans les paradis fiscaux, l’État espère récupérer les 600 milliards d’euros dont il nécessite pour rembourser les dettes publiques en moins de cinq ans. Le restant ayant été littéralement répudié par l’audit citoyen de 2011.

-Une couverture sociale inefficace, mais optimale.

Dans un système libéral, bien que l’égalité pure et parfaite soit néfaste à l’émulation de la société et la concurrence (selon les libéraux), l’économie est régulée par la main invisible et le libre jeu du marché : en période de croissance et d’excédents, le marché est efficient et efficace, car il permet une situation d’équilibre sur le marché de la demande, de l’offre, donc de l’emploi, des biens et des services. Mais cette théorie n’a jamais réellement fonctionné, et pour preuve, l’État a toujours subventionné en masse les entreprises privées comme EADS, Areva ou Airbus. A l’opposé, en situation déficiente, de crise, le gouvernement a étendu les prérogatives de l’État pour pallier les déséquilibres : sauvegarder l’emploi, l’innovation, les services publics et la couverture sociale.

Selon le président encore, afin de relever le pouvoir d’achat, il fallait que tous aient un travail. C’est pourquoi nombre de médias, face à telle politique, ont déploré une politique stalinienne digne d’un régime cubain ou vénézuélien. La loi TSE aurait permit de réduire le temps de travail individuel hebdomadaire à 32h, de faciliter l’embauche, avec plus de roulement sur les machines et dans les bureaux. Cet argument se tient si l’on regarde le taux de chômage de la population active, qui est passé de 9% en 2007 à 3% fin 2011.
En parallèle, la réforme du système des retraites du gouvernement en 2010 aurait, selon lui, permit de sauver le système social français. On s’en souvient, cette réforme avait provoqué un mouvement social d’envergure nationale où patronat et syndicats manifestaient en nombre pendant tout le mois d’octobre. Passer d’une retraite à taux plein à 62 ans avec un nombre d’annuités de 41 ans à un âge de 57 ans et 37,5 annuités fâchait la minorité contestataire qui ne supporte rarement que l’on touche à ses acquis : Les français sont farouches aux réformes, ils ont peur du changement, pas moi, et je serai bientôt remercié.
Il n’a pas hésité à aller plus loin encore : à l’horizon 2015, est prévue une autre réforme poussant l’âge du départ à la retraite à 55 ans avec 35 annuités et qui supprimerait la décote de 5% par années manquées. Le pays sera dans ce cas, la seule nation à faire cette mesure, si l’on procède au type de comparaison interrégionale stupide, désuète et dénuée de sens que faisaient les journalistes avant la loi de 2007 relative à la liberté de la presse (car les structures sociales d’un pays diffèrent de l’un à l’autre, même dans un État fédéral). Enfin, le départ en retraite serait calculé sur la base du dernier trimestre travaillé pour tout le monde, contre 25 dernières années actuellement pour les salariés du privé et les six derniers mois pour les employés du secteur public.

    Bilan des mesures annoncées qui ont tout l’air d’un programme électoral :
-La retraite à 55 ans à taux plein avec 35 annuités, la semaine de 25 heures.
-10 semaines de vacances annuelles.
-Possibilité de partir en voyage à l’étranger pendant six mois et de réintégrer son poste au retour.
-Le smic à 1700€/mois nets.
-Mutualisation du travail, inciter à la création de SCOP pour limiter les abus du patronat.
-Abolition de la propriété privée des entreprises : chaque entrepôt est la propriété des travailleurs sous contrat.
-Recrutement massif de fonctionnaires dans les trois corps de la fonction publique.
-Suppression des critères sélectifs d’accès aux hautes études universitaires, couplée d’une bourse de dix échelons attribuée à tous les étudiants.
-Démocratisation de l’éducation nationale, d’inspiration ludique et interactive, non basée sur la coercition, la discipline, le contrôle et la hiérarchie.
-Régularisation des sans-papiers qui souhaitent venir travailler en France.
-Démilitarisation (retrait de l’OTAN, retrait des forces d’occupation dans les pays où la France était engagée militairement, retour des porte-avions et fermeture des bases militaires internationales). 

Le président serait-il devenu de gauche, seconde étape d’une «rupture tranquillou», ou bien avons-nous à faire à des manœuvres purement clientélistes et électorales ?

Le débat unilatéral sans prise de parole et sous forme d’un monologue s’est simplement terminé par une poignée de main, selon nos sources peu fiables, où la journaliste a tenu à remercier le chef de l’État pour tous les efforts qu’il a fait pour soigner sa population.
Une allocution, comme les titres de cet article, insensée. Une opération de communication riche en monologues, en autosatisfactions, en non-sens et en manipulations pour convaincre les électeurs de voter pour un candidat qui se propose de vous saigner à blanc et de vous rendre plus serviles que jamais. Faites vos jeux !

Samuel Moleaud.
http://sam-articles.over-blog.com

8 Février 2012.

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27 janvier 2012 5 27 /01 /janvier /2012 18:20

Le bal des clowns aux nez de toutes les couleurs, des rouges, roses, oranges, bleus, et bruns touchera bientôt à sa fin. Fin janvier 2012, et les jeux semblent déjà faits, disent les journalistes de grande audience. Tu m’étonnes ! Comme d’habitude, les médias tronquent les débats, fixent le temps de parole, adoubent celui qui fâche le moins les institutions financières et règnent en maîtres sur la dictature de l’agenda. Ils sur-médiatisent les thèmes néolibéraux et leurs porte-banderoles. Et ils censurent et taxent d’extrêmes les antilibéraux (notamment le Front de Gauche), qui sont loin d’être extrémistes. Après, ces mêmes médias s’étonnent presque que les «jeux» soient faits. Enfin, ils parviennent, comme à l’habitude française, à faire de la résignation un mode de vie dont le patronat et les banques pourront apprécier les bienfaits d’une masse de salariés corvéables à merci qui acceptent les attaques récurrentes au droit du travail. En retour, sur le plateau télé, les invités aseptisent les discours et se querellent comme dans une cour de récréation.

Tant et si bien que, à l’instar d’un D. Pujadas servile qui tente de poser des questions intelligentes sans y parvenir, dès qu’un sujet est fouillé dans son fondations, un autre sujet de seconde importance est imposé. Dès qu’une discussion aborde les points névralgiques de la guerre économique, celle qui donnerait aux spectateurs les idées et les armes de la résistance contre la machine, aussitôt, le maître de scène (journaliste) intervient pour scléroser et clore la discussion. Tous les sondages battent la chamade sur leurs études focalisées sur quatre candidats bien connus, et oublient volontairement de sonder les autres (Front de Gauche, Europe Écologie/Les Verts notamment), comme s’ils étaient insignifiants. Et surtout, comme si sélectionner un échantillon de mille personnes était représentatif d’une globalité d’électeurs. Le message de cet article n’est pas la critique des médias, et l’influence de la propagande sur l’opinion publique, on pourrait en écrire des dizaines à ce sujet.

1-Le clivage gauche/droite n’existe plus.

Le message de cet article, le voilà : n’allez pas voter F. Hollande, ni E. Joly, mais J-L Mélenchon si vous vous reconnaissez comme étant de Gauche. En démocratie, il est mal vu de dire aux gens ce qu’il faut penser, dire, faire et voter. Mais nous ne sommes plus en démocratie, nous sommes en guerre (économique et sociale). Le clivage à l’ancienne gauche/droite n’existe plus. Des crises successives depuis 2008, un seul clivage viable d’analyse politique, à mon sens, a nouvellement émergé : l’antagonisme Relance de l’État/Austérité des marchés financiers, État public/État privatisé géré pour les banques et multinationales.

Et de tous les gloseurs de promesses électorales, seul un se propose de confier le pouvoir aux citoyens s’il est élu, en organisant une Assemblée Constituante, une Sixième République citoyenne, d’économie socialiste et écologique, le tout sans que personne ne soit lésé, laissé sur le carreau. Pas même les plus hauts revenus, puisqu’ils seraient taxés à 100% à partir d’un revenu déclaré de 300 000€ par an, somme qui somme toute, permet encore de bien vivre.

Si Jean-Luc Mélenchon n’est pas élu (et il ne le sera pas), la démocratie en tant qu’idéal et régime politique sera définitivement enterrée dans les pages de l’Histoire au profit d’une dictature financière. En votant en Avril prochain pour les adoubés médiatiques F. Hollande, F. Bayrou, N. Sarkozy ou M. Le Pen, les électeurs vont une fois de plus voter un changement qui n’arrivera jamais, ils donneront leur consentement pour la survie d’une monarchie qui verrouille les possibilités pour le peuple d’avoir du pouvoir face aux gouvernants. La fonction de ces gens est de protéger les intérêts du capital financier. Uniquement. Tous, à l’unanimité, acceptent la politique de rigueur imposée par les néolibéraux de Goldman Sachs et pratiquée par l’Union Européenne, même au FN, dont la candidate proposait, grosso modo, de faire une rigueur lavée de l’immigration. Mais c’est une austérité quand-même, ou plutôt préférons le terme de politique de rigueur (ce qui ni plus ni moins qu’une récession de long terme). Les oppositions qui les fâchent, sur le travail, les cotisations ou les retraites, l’immigration, la sécurité, l’écologie sont la face visible de l’iceberg. En substance, ils ne remettent pas en cause les écarts abyssaux des salaires, ni le rôle de la BCE et des banques, ni l’illégitimité de la dette publique. J’oublie volontairement la critique économique portée par M. Le Pen, car elle a beau critiquer le capital et les lois qui lui ont conférées son pouvoir, son programme xénophobe ne fait rien de plus que de le protéger.

Admettons que François Hollande soit élu : les soixante mesures qu’il préconise au micro auront pour résultat de ne pas fâcher la finance, contrairement à ce qu’il annonce. Les écarts de salaires continueront de se creuser, et les spéculateurs continueront de faire grimper les prix. Il faut aussi s’attendre à ce qu’aucune des coupes franches de la politique néolibérale menée par le tandem sans roues Fillon-Sarkozy, ne soit remise en cause (expulsions, lois sécuritaires, traitement et recrutement des fonctionnaires, carte judiciaire, privatisation des universités, accroissement de la dette publique sans refonte de la fiscalité, etc.). Au pire, le rouage continuera tout pareil. Les mesures fiscales annoncées par le PS auront pour conséquence de taxer les revenus, certes, mais d’une manière que les travailleurs indépendants et les entreprises individuelles devront supporter aussi les coûts d’une économie de casino qu’ils n’ont pas générée. Ce n’est pas au peuple de payer la casse des spéculateurs, et même le PS ne s’insurge pas contre les mécanismes de socialisation des pertes couplée de la privatisation des profits. Enfin, les mesures proposées par Mr. Hollande n’empêcheront en rien les marchés financiers de prendre le contrôle des institutions communautaires de l’Union Européenne. Ce qui risque de se produire, c’est qu’en même temps que le PS taxera les revenus des petits patrimoines, les spéculateurs au chevet des grandes banques, continueront de faire leur commerce sur les intérêts des prêts consentis aux pays pour payer une dette publique illégitime. Et comme le parti élu renâclera à refuser les politiques de rigueurs, les déficits issus de la récession pousseront l’État à souscrire de nouveaux prêts aux banques commerciales, à taux plus élevés puisqu’une bande de gangsters auront encore changé la réputation financière des États (le fameux triple A).
   
2-Une bonne raison de voter Front de Gauche : mettre un coup d’arrêt au néolibéralisme.

    Je ne dis pas qu’il faut voter pour J-L Mélenchon, mais bien pour l’alliance du Front de Gauche. L’homme en lui-même, peut avoir bien des défauts, on lui reproche d’être trop enragé, trop endiablé, trop sectaire ou pas assez calme ou ouvert…on s’en moque, ce n’est pas un homme qui gouverne une Nation. Ce sont en l’occurrence, cinq partis politiques qui se proposent de donner le pouvoir à tous les citoyens qui seraient intéressés pour contribuer à la gestion des affaires publiques.

En novembre 2011, trois figures de proue de la puissante banque d’investissement Goldman Sachs ont fait irruption sur les institutions : Mario Monti en Italie, Loukás Papadímos en Grèce, et Mario Draghi à la tête de la Banque Centrale Européenne (BCE). J’ai déjà écrit deux articles à ce sujet, je n’en ferai pas un troisième volet, mais il y a eu un Coup d’État sur l’Europe où, ces derniers mois, une dizaine de gouvernements ont été renversés sans élection, sans motion de censure ni même de mouvement social, juste sous la pression des fameux marchés financiers. Dans le même temps, les agences de notation telle Standards & Poor’s déclaraient quinze pays, sur dix-sept de la zone euro, insolvables. Alors que, raisonnablement, un État n’est pas une entreprise, une entité qui peut faire faillite ou défaut de paiement, surtout lorsque ses dettes sont constituées d’anciennes dettes privées, issues de la crise de 2008-2009.

Sauf erreur, aucun parti si ce n’est ceux du Front de Gauche, n’évoquent cette nécessité de résister, de ne pas céder à la peur et la résignation face aux financiers. Contrairement à mes habitudes de libertaire enragé, j’exhorte mes lecteurs-électeurs qui se sentent de gauche à profiter de cette élection pour cracher enfin à la face de l’Europe et du monde, qu’en France, le peuple n’est pas un troupeau de moutons résignés qui attendent que l’abattoir ne vienne les tailler en gigots pour les festins du dimanche après la messe des bourgeois.

La France arrive à une échéance qui pourrait faire basculer son destin, et incarner dans son sillage le changement à toutes les politiques de l’Union Européenne. Imaginez qu’une bande de bourgeois depuis 54 ans (1958) discutent autour d’une table pour savoir ce qui sera bon à faire dans le royaume. 54 ans, même les régimes dictatoriaux maghrébins n’ont pas duré aussi longtemps ! Imaginez que depuis 1973, ces mêmes hommes mangent à la table de ceux qui vous affament : avec les patrons des multinationales et des grandes banques, ils cèdent à leurs caprices de petits gamins moutonniers. Avec tous le fatras que leur gourmandise a généré, ces élections, répétons-le inlassablement, sont l’occasion de les jeter dehors de notre pouvoir citoyen. Si un seul gouvernement socialiste (de type PG) était porté au pouvoir au sein des pays membres de l’UE, le pari peut être fait, j’en endosse la responsabilité, que la logique et l’exemple se reproduiraient outre-Hexagone, de la même manière que la révolte tunisienne s’est étendue à toute l’Afrique du Nord, puis au Moyen-Orient en 2011. Si cette logique de résignation et d’hypnose collective perdure, tant qu’aucun gouvernement ne porte son courage à deux mains sur la table, en criant son insoumission et sa résistance sur les toits et sur l’air des lampions, nul n’est à l’abri d’un éclatement social débouchant sur la guerre, le racisme et les replis communautaristes. Or, pour une fois, les élections présidentielles pourraient empêcher cela.

La France aux yeux du monde, c’était les grèves, les conflits de classe gagnés du prolétariat, du salariat contre le patronat. C’était la république des Lumières, une terre d’accueil et les Droits de l’Homme. Ce pays, c’était les progrès du Front Populaire (1936), les innovations sociales du Conseil National de la Résistance (1944). C’est grâce à ces innombrables acquis sociaux qui ont été durement conquis, qu’un travailleur, bien qu’il soit l’esclave d’un patron, pouvait se soigner, manger, partir en vacances et payer l’éducation à ses enfants. Bizarrement, on ne fait pas de comparaison européenne sur le nombre d’avancées sociales que les voisins européens ont puisé de droite et de gauche dans ce pays.

En fait, les élites néolibérales ont toléré jusqu’aux années 1975 ce capitalisme social, porté en France par les Gaullistes et qui dura quand-même jusqu’au crépuscule des années 2000. Mais le compromis n’était point souhaitable trop longtemps, alors, médias à l’appui, il a fallu asséner au peuple, sur qui repose tous les impôts injustes, que l’État n’existait plus, et que celui-ci n’avait plus de «marges de manœuvre» face à la finance. Mais de marges, l’État en a étrangement gardées pour faire les lois sécuritaires, les lois de renflouement des banques en faillite, pour saigner à blanc le «petit» peuple et soigner ses riches. Les néolibéraux ont mis quarante ans à détruire, à l’échelle planétaire, tout ce qui faisait une civilisation progressiste. Et quasiment dix ans après le refus de Mr. Chirac, de s’engager dans une guerre inutile en Irak, il ne reste plus grand-chose, aux yeux du monde, de toutes ces valeurs d’universalisme républicain, de lutte sociale, de résistance. Nous avons une occasion en 2012 de récupérer tout cela, ne ratons pas l’heure en se trompant d’ennemis.

En France, ce n’est pas Nicolas Sarkozy l’unique responsable, comme si une fois son départ très apprécié, les choses iraient soudainement mieux. C’est que les dramatiques causes-conséquences de la globalisation commencent tout juste à se faire sentir, les institutions ayant été malgré tout protégées par le gaullisme et son capitalisme social (1). On peut d’ailleurs se souvenir à ce titre que le Parti Socialiste a toujours été plus enclin à conclure des accords de privatisation des entreprises publiques, que n’en ont fait le RPR et l’UMP du temps de Jacques Chirac. Les années 1980, sous l’ère Mitterrand, ont été marquées par le rapprochement avec M. Thatcher et R. Reagan et les premières grandes privatisations dans l’économie française. A un tel point, que, ironie amère du sort, le programme électoral de Jacques Chirac en 1995 (la fracture sociale) put paraître plus socialiste que celui du PS. En 1997, le gouvernement de Lionel Jospin était prêt à signer l’Accord Multilatéral sur l’Investissement, lequel aurait eu pour conséquences deux régressions importantes : une multinationale pouvait assigner un gouvernement en justice si l’exercice de son activité fut entravée (manifestation, grève, panne de courant, etc.) ; secondement, une même entreprise aurait pu assigner un même gouvernement en justice pour avoir pratiqué du protectionnisme ou bien une concurrence déloyale. En fait, c’était juste pour les entreprises occidentales, la porte ouverte vers l’implantation dans n’importe quel pays, sans que le gouvernement ne puisse s’y opposer, garanties contraignantes de l’OMC à l’appui. Lionel Jospin, sous la pression de la rue, revient sur la signature et l’AMI n’est jamais entré en vigueur. La politique est donc bien à l’origine de toutes les décisions en matière d’économie ou de finance publique. Cette victoire de la rue fut d’ailleurs un symbole fort lors de la création d’Attac (1998).

Bien loin de tirer dans les pattes du socialisme, mon vœu est de montrer qu’en France, avant la création du Parti de Gauche, tous les partis politiques s’agenouillent toujours au lit des marchés financiers, et donc il ne peut y avoir de clivage gauche/droite en ces conditions.

Et pourtant, les quarante millions d’inscrits (base de 2007) s’en vont aller voter par millions pour le PS, l’UMP ou le FN. Parce que les médias leurs ont dit qu’ailleurs, c’était dangereux. Dangereux pour le capital, on se comprend. Alors ils iront voter pour ceux qui vont faire sombrer la cinquième puissance mondiale dans la récession, l’obscurantisme, le chômage, la pauvreté, la misère ou la guerre. Et les électeurs abreuvés de promesses d’ivrognes s’en vont cautionner ce néolibéralisme flamboyant qui achèvera de dilapider tous nos savoirs-faires, toute l’émulation qui fait avancer une société.

A l’électeur peu convaincu qui me lit, j’aimerais lui dire en guise de paraphe, que si nous sommes dans le pétrin à cause de politiques corrompues, irresponsables et bien enracinés dans leurs dominations de classe sociale bourgeoise, c’est parce que la population les laisse faire lorsqu’elle se rend aux urnes et qu’elle se tait dans la rue ou bien à l’entreprise.
Résistons ! Et comme dit l’autre, si l’économie socialiste fâche les entreprises et les riches, qu’ils s’en aillent tous, nous avons largement de quoi nous débrouiller ici !




Samuel Moleaud,
27 Janvier 2012.

http://sam-articles.over-blog.com.

(1) Loin de faire l’éloge de la droite gaulliste, qui possède son petit lot de honte (colonialisme, mise au banc de la société de milliers d’immigrés, paupérisation des travailleurs peu qualifiés, début des délocalisations, etc.), l’on pourrait avoir de quoi regretter le temps où les hauts-fonctionnaires, toutes idéologies confondues, étaient des hommes politiques, et non des businessmen.

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 16:44

Cure-d-austerite-coffre-vide2Les loups sont dans la bergerie. Le casse du siècle par effraction existe, sous nos yeux, impuni, décomplexé. Il est même encouragé par les bergers qui renâclent à protéger les enclos et ont stoppé leur intervention pour nourrir les ovinés les plus fragiles et fébriles. Pire, ces derniers sont délibérément jetés en pâture, livrés dans la gueule du loup par des traitres piètres bergers.

J’ai écrit en septembre 2011 une diatribe dénonçant la mascarade de la crise qui cache une Offre Publique d’Achat de la finance sur les États européens, un coup d’État monumental maquillé par la peur de l’ampleur des dettes publiques. Voici en quelques sortes, le second volet.

1. La crise de la dette est une marque déposée.

 

Elle est une appellation d’origine (in)contrôlée qui se nourrit de la peur qu’elle voudrait semer. Traditionnellement, le pouvoir aime à se prendre pour un berger guidant le «troupeau dérouté» de citoyens, moutons de panurge apeurés qui convergent vers l’obéissance et consentent à l’inacceptable. Pour combien de temps encore vont-ils accepter la lame de fond qui les rend impuissants, cette humiliation qu’ils vivent en regardant du bout d’un écran plat leurs congénères se faire manger par ces loups ? Combien de gémissements de douleur ou de rage ravalés au fond des entrailles au lieu de les extirper et les cracher à la face de toute autorité injuste ? Ce n’est pas une invasion soudaine, les symptômes d’un massacre financier étaient visibles depuis trois, peut-être quatre décennies de grignotage successifs des enclos du troupeau. Résultat, parce que les bergers ont abandonné leur programme de lutte contre les prédateurs, la transhumance se termine chaque année dans des effusions de sang. En résumé, une bande de prédateurs surpuissants qui sévissent ci et là, d’une manière complètement déraisonnée et manifestement préméditée, sont en train de faire sauter tous les verrous des enclos qui les gênent afin de prendre le contrôle total des pâturages.

Par peur de vaciller face aux clameurs populaires qui commencent à s’unir et muter en actions collectives, les institutions bancaires élaborent leur plan de contre-attaque. Elles pilonnent de toutes parts tout ce qui peut enfreindre leur loi inique du profit : institutions publiques, intervention de l’État dans l’économie, existence d’un socle juridique, droit social, droit du travail, santé et systèmes publics de protection sociale, éducation, sécurité publique, etc., et sont en passe de réaliser une véritable fusion-acquisition des États-Nations. L’Europe voit la guerre financière qu’elle menait ailleurs en Amérique Latine, en Afrique se retourner contre elle, avec la crise de la dette pour choc de grande ampleur.

En réponse à une dette qui enfle, le gouvernement choisit de résoudre la crise de l’oligarchie par une politique de rigueur, communément appelée «austérité». Mais il faudrait savoir ce que c’est que «l’austérité», et à qui sert-elle. Les politiques de rigueur votées massivement en Europe sont les plus graves de toute l’Histoire des États-Nations, et produisent un coup d’État général qui ne s’est jamais produit. C’est une première et  nous sommes tous enrôlés dans une guerre sans combattre : le salarié contre son chef qui impose productivité et rentabilité pour son chiffre, le contribuable qui paye les impôts que les oligarques défiscalisent, le citoyen qui se fourvoie en votant pour des gouvernants affairistes. C’est la guerre de la finance contre le droit et l’État qui se mondialise. Et le nerf de cette guerre se trouve dans le concept de la dette publique, ses intérêts et son remboursement.

 

Le remboursement de la dette publique est un argument de propagande afin de faire accepter aux masses la politique de rigueur, un plan d’ajustement structurel que les élites imposent arbitrairement aux contribuables, et qui concentre encore le capital mondial. Dire qu’il faut rembourser la dette correspond à se résigner et accepter l’Offre Publique d’Achat des banques sur les institutions publiques, dans la mesure où une large part de cette dette publique des États est constituée des taux d’intérêts (usure) abusifs, des dettes privées de 2008 des agences de crédit et des entreprises multinationales qui en plus, pratiquent l’évasion des capitaux vers les paradis fiscaux. La conséquence de cet assaut qui se déroule sous nos yeux est une nouvelle féodalisation de l’Europe, mais en version bien plus cynique que celle d’avant 1789.

2. Une fiscalité injuste qui aggrave la dette publique.

En plus de la dette publique dite «insoutenable», l’État souffre d’un manque à gagner colossal en termes de recettes fiscales. Parler de la dette, c’est aussi évoquer le financement de l’économie nationale. L’État peut se financer avec plusieurs instruments : l’impôt, la création monétaire et l’emprunt.

L’annonce d’une hausse des taux d’imposition est souvent mal perçue par la population, surtout lorsqu’il faut batailler pour conserver son siège aux prochaines élections. La fiscalité repose sur les ménages modestes qui, assommés de TVA et d’impôts indirects à la consommation, voient leurs salaires s’aspirer littéralement pendant que les plus hauts revenus sont placés aux Bermudes, en Suisse ou à Monaco, non-assujettis à l’impôt. Un transfert qui créée un assèchement des recettes fiscales de plusieurs milliards de dollars par an. Une interdiction des mesures d’exonération fiscale pour les plus riches permettrait à l’État de réduire sa dette publique sans aucune privation de toutes parts, à l’instar de ce que propose le Front de Gauche : taxer à 100% les revenus supérieurs à 300 000€, par exemple.

Secondement, la création monétaire reviendrait à desserrer le crédit pour que la Banque de France injecte de la monnaie dans l’économie, afin de soutenir la demande en monnaie de transaction (celle que l’on utilise pour consommer). La monnaie nationale se trouve dévaluée, mais en économie raisonnée, elle permet de relancer la consommation, la demande et l’emploi. Puisque l’État ne bat plus la monnaie depuis la création de la Banque Centrale Européenne, ce mécanisme a disparu. Feu l’impôt car il prive les modestes ou fâche les riches, feu la création monétaire car interdite par Bruxelles, il ne reste à l’État que l’emprunt…sur les marchés financiers, à des taux exorbitants !

 

Le taux de l’impôt sur les sociétés est dégressif, ce qui fait qu’une multinationale est taxée à 8% lorsqu’un artisan, une SARL ou un individuel sera imposé à hauteur de 30%, la logique démocratique voudrait que cela soit l’inverse. Pire, les capitaux bruts des grands investisseurs fuient vers les paradis fiscaux. Ainsi, les contribuables les plus riches reçoivent des sommes à six chiffres de défiscalisation de leurs revenus de la part du Trésor Public chaque année, et en parallèle, chaque mesure fiscale des gouvernements depuis les présidences de F. Mitterrand et suivies, vise à augmenter la TVA. En vingt ans, ce seraient près de 200 milliards d’euros qui ont indirectement «glissé» du public au privé de cette manière. De traités en traités, la politique économique néolibérale de l’UE pousse l’État à emprunter des milliards d’euros sur les «marchés financiers» pour financer l’économie nationale. Il comble son manque-à-gagner par l’emprunt bancaire tout en n’assurant pas son remboursement auprès des rentiers, de ceux qui pourraient apporter du capital.

 

3. D’où vient la dette publique ?

 

La dette augmente lorsque la dépense est supérieure à la recette, évidemment. Alors l’État réduit sa dépense, comme s’il ne pouvait point augmenter ses recettes nettes en taxant par exemple les hauts-revenus, les transactions financières (c'est-à-dire porter un coup à la spéculation effrénée et aussi réinstaurer des droits de douanes abolis par l’OMC), en empêchant l’exonération et l’évasion fiscale.

Jamais il n’y a eu autant de richesses créées et d’argent généré en France, puisque les taux de croissance restent positifs. Les pays ont une croissance molle, certes, mais celle-ci fait tout-de-même augmenter chaque année le PIB de l’économie, et jamais la rémunération du travail fut aussi basse par rapport à celle du capital. Mais le peuple européen doit renoncer à ses allocations, ses emplois, ses salaires, sa santé, son éducation pour faire gagner dix milliards d’euros à l’État tandis que les financiers, sur les canots de sauvetage en face du Titanic ébréché, observent via les grandes banques d’affaires, leur pillage du casino royal.

 

3.1. Une dette privée transformée en dette publique.

 

Suite à la menace de l’effondrement imminent du système bancaire en 2008, les États ont pris en charge les milliards de dettes privées (ce qui était une socialisation des pertes) en prêtant aux banques des sommes pharamineuses pour les refinancer, ce à des taux quasiment nuls, à 2-3%. Cette recapitalisation des banques s’est accompagnée d’une explosion comme jamais des dettes publiques européennes, il est donc aisé de comprendre qu’en toute logique, les banques auraient dû rembourser ces États prêteurs après leur crise. Et bien non, la facture a été délocalisée comme l’on sait sur la population déjà fragilisée par une politique économique européenne très discriminatoire entre riches et pauvres. Trois ans après, ces pays prêteurs de la zone euro n’en pouvant plus de crouler sous les dettes, interdits d’emprunter à la Banque Centrale Européenne, ont été contraints de recourir aux marchés financiers pour «éponger» une dette que les banques d’affaires, rappelons-le, avaient indirectement occasionnée.

Dans le même temps quasiment, ces dernières ainsi que les agences de notation aux profits galopants, lançaient une dantesque attaque spéculative sur les monnaies, contribuant à la déstabilisation de l’euro, et aggravant encore un petit peu plus les dettes publiques. Tout d’un coup, un État était décrété non solvable, placé en défaut de paiement, perdait sa réputation, la fameuse note AAA, et ne put trouver son bailleur de fonds. Or les traités communautaires interdisent à un membre de l’Union Européenne d’emprunter à la Banque Centrale ou à un autre État membre. C’est dire à quel point les traités communautaires servent la finance…L’emprunt national, l’achat de bons du Trésor suite à une création monétaire a disparu des alternatives puisque une banque nationale n’a plus la possibilité d’injecter de la monnaie dans son économie. La «seule alternative» tant prêchée par les gouvernements serait donc l’emprunt auprès des «marchés financiers» : TINA (There Is No Alternative, vieille ficelle qu’ils reprennent de Mme. Thatcher). La Grèce, bientôt l’Espagne, l’Italie et la France empruntent sur les marchés à des taux odieux de 18% ou 19% (s’ils n’augmentent pas d’ici là) pour alléger leurs prêts massifs non remboursés de 2008-2009 ! Voilà ce qui aggrave la dette publique : des banquiers non résidents de la zone euro, se retrouvent détenteurs de la dette d’un pays.

3.2. Une dette à répudier.

 

La dette publique n’est pas devenue soudainement «insoutenable», c’est que des créanciers étrangers de la zone euro ont exigé sans vergogne et sans préavis qu’ils en soient remboursés, alors qu’elle se compose indirectement d’une part de leur ancienne dette privée. Les taux d’intérêts sur les marchés financiers sont tellement élevés (l’usure), qu’après la souscription d’un prêt, la croissance économique ne rembourse pas la dette, elle paye l’intérêt : le service de la dette. C’est comme un ruiné qui demanderait un prêt à Cofidis pour payer ses dettes. Sans argent, il ne pourrait plus régulariser les échéances, et au bout d’un moment, il ferait un second prêt à Sofinco, pour payer les intérêts du premier prêt de Cofidis, et ainsi de suite, jusqu’à sa mise sous les verrous. Sauf qu’à la différence d’un particulier, un État ne peut pas faire faillite ! Ce que vit l’Europe est exactement la situation dans laquelle se trouvent les pays d’Afrique suite à leurs multiples prêts au FMI ou à la Banque Mondiale : à force d’emprunter, tout le PIB est presque destiné à payer les intérêts de la dette, et non la dette en elle-même.

Face à ce faux problème, le gouvernement annonce plans de rigueur sur plans d’austérité, pour «rassurer les marchés financiers», nous dit-on, alors qu’à l’évidence, c’est pour éviter de se faire renverser par un banquier, à l’instar de la Grèce ou de l’Italie. Comme si créer une récession allait soigner l’avidité maladive de la finance. Comme si abandonner le navire allait le protéger des pillages des pirates. La dette publique nécessite, si l’on s’en tient à des propositions de militants d’Attac ou du Front de Gauche, un audit citoyen. Il serait effectivement important d’étudier, puis de voter quelle part du montant incombe aux dettes privées des banques et doit être répudiée, quels montants doivent être remboursés. La décision pourrait être celle de nationaliser les banques afin d’abolir les intérêts odieux de ces emprunts, puisqu’ils sont disproportionnés entre un prêt public et un emprunt bancaire (de 2% à 20%). Une nationalisation des banques n’est même pas un programme démagogique d’extrême-gauche, il permettrait tout simplement à l’État de retrouver une souveraineté économique, de réduire ses déficits, rendre les services publics fonctionnels. Le gouvernement français l’aurait déjà fait s’il voulait vraiment renouer avec la croissance économique.

L’État, ou le collège de citoyens, ou le peuple en assemblée constituante, pourrait tout aussi bien, avec la légitimité du pouvoir qui lui serait confiée, décréter qu’en temps de «crise», les riches seraient davantage soumis à contribution nationale. La crise de la dette publique et la politique de rigueur qu’elle impose est donc bien le résultat d’un choix politique évident, et d’une conséquence économique désastreuse, ceux de la collusion entre des hommes d’affaires en forme de politiciens qui perdent leur «tapis» au poker face aux banquiers, dans le déni total des populations. Or si la volonté était vraiment de revenir à une dette publique de 60% ou 65% du PIB comme le veut l’UE, la répudiation de cette dette, l’abolition de l’usure et la taxation des hauts revenus, ou l’exigence de contreparties sur les prêts accordés aux banques en 2008, auraient déjà été légiférés depuis longtemps !

 

Si la crise de la dette n’était pas un assaut de la finance, préconiserait-on les mêmes «remèdes» à tous les peuples ? L’Europe est-elle soudainement si homogène que les textures de ses institutions (démographie, fonctionnement bureaucratique, système fiscal, mœurs, histoire politique et sociale, culture, etc) peuvent supporter les mêmes traitements : gel des salaires, des prestations sociales, recul de l’âge de départ à la retraite, hausse de la TVA, du pétrole et des produits de première nécessité, taxes sur le patrimoine des petits possédants, resserrement du crédit, suppression de postes de fonction publique, privatisation des établissements scolaires et des universités, non-remboursement des soins, etc. ? Évidemment, non. Le «traitement d’austérité» imposé du Portugal à la Grèce en passant par la France et l’Italie, est une déclaration de guerre que la presse maquille sous des termes cliniques ou médicaux. Comme si les gens étaient infectés et qu’une injection de néolibéralisme effréné guérirait le virus de la dette publique. Une petite piqûre, attention ça va piquer un peu, et hop, la douleur est derrière-vous ! Mais vous n’avez plus d’État, chère patiente. Prix de la consultation ? Un plan d’ajustement structurel, un seul…il vous faudra serrer votre ceinture. Rajoutez des trous puisque vous vivez à découvert et que vous n’avez plus assez de liquidités pour acheter de nouveaux vêtements !

 

Admettons qu’il n’y ait pas d’autres moyens que de rembourser la dette publique aux créanciers. Comment rembourse-t-on une dette sans recette, sans rentrée d’argent ? Un plan d’austérité, ou plus significativement une politique de rigueur, est macro-économiquement contre-nature pour un PIB.

 

4.Une politique de rigueur pour la vigueur des portefeuilles financiers

 

Les dettes publiques dites «insoutenables» (83% du PIB français, 119% du PIB italien, 140% du PIB grec) seraient dues, si l’on écoute les médias, à un mode de vie excessif des populations.

Voilà un demi-siècle que les gens vivent devant le miroir de la fausse opulence alimentée par les entreprises. Du coup, les exploités des classes moyennes consomment comme leurs patrons et les riches et se ruinent pour vivre comme eux, ce à cause de la faiblesse des salaires. Et il faudrait croire que la consommation est issue des allocations données aux prolétaires et qu’elle est fautive d’un gaspillage d’argent public. Il est vrai que loyers payés et échéances de crédits réglées, essence et nourriture achetées, services de soins et coûts scolaires versés, il doit rester à peu près 100€ ou 200€ à un ménage moyen en couple qui gagne un Smic chacun pour payer ses factures à Suez, Veolia et EDF-Bleu Ciel. S’ils s’offrent le 30 de chaque mois un CD, un livre ou une côte de bœuf pour varier un peu des pâtes au beurre, il faudrait vraiment qu’ils se serrent la ceinture ces deux là. Et en plus, ils ont l’outrecuidance et le culot de demander des allocations pour leurs enfants ! Comment peut-on vivre au dessus de ses moyens à ce point quand on voit tant de pauvres gens comme Mr Arnault (LVMH) toucher 4 millions d’euros, Mr Mestrallet (Suez) 3,3 millions, et Mr de Margerie (Total) prendre 3 millions en 2010 ?

 

4.1 La rigueur est une démission de l’État.

 

La politique d’austérité n’est pas une solution pour réduire sa dette publique, mais bien au contraire, elle est la politique du chaos qui amène l’État à sa perte : d’abord, une cure d’austérité en macroéconomie, cela n’existe pas. Cette association de termes doit sûrement provenir de la novlangue libérale qui dépossède les mots de leur sens pour imposer un nouveau vocabulaire plus propice à la sujétion des individus. La politique d’austérité désigne une politique économique de rigueur où l’État, en théorie souverain sur sont économie, décide de stopper ses dépenses publiques, en espérant calmer la crise et renouer avec la croissance économique par la limitation de l’activité économique. Le but étant d’attendre que celle-ci ne reprenne de plus belle par l’investissement des entreprises une fois les orages spéculatifs chassés du ciel.

 

L’argument toujours scandé pour traiter une crise lorsque les finances paniquent, est de lancer une politique de rigueur, arguant qu’une intervention de l’État accroît la dette publique. C’est un non-sens puisqu’une économie «déprimée», laissée au ralenti n’est pas un indicateur de croissance économique. En période de crise, les entreprises ne sont pas enclines à embaucher du personnel, surtout si une grosse part de la richesse créée repose sur l’activité de petites et moyennes entreprises, dont les cotisations patronales et sociales, en France, sont élevées. Elles vont donc réduire leur facteur travail, faire des compressions de personnel par manque de demande. A cela, s’ajoute, si les taux d’intérêts ne baissent pas, une préférence pour le placement sur un «marché» plutôt que l’investissement (en capital humain notamment). Sur l’économie réelle, cela se traduit par une explosion du taux de chômage. C’est donc une période où les chômeurs seront plus demandeurs de prestations sociales que d’habitude, en attendant de trouver salaire dans une autre entreprise. L’allocation de ressources, d’aides sociales aux personnes touchées par la crise leur permet de continuer, d’abord de vivre, puis de consommer sur le marché des biens et des services.

 

Ainsi donc, si l’État et sa loi de finance prévoient d’augmenter les dépenses en prestations sociales (Caf, assurance chômage, remboursement des soins, prise en charge des plus démunis), il récupère à retardement les bénéfices d’une recrudescence de la demande et de la consommation des ménages. La production des entreprises étant relancée, celles-ci vont chercher à nouveau à recruter du personnel. Sauf que la multiplication des créations d’emplois et, au cas échéant, la hausse des salaires nets (puisque la croissance le permet) va provoquer une hausse générale des prix. Voilà pourquoi les libéraux font de l’urticaire devant les politiques keynésiennes de relance par la demande : le quasi plein-emploi met les salariés et les travailleurs en position favorable pour négocier les salaires, le temps de travail, la production. Ils ne sont plus dans le climat austère régit par la peur du lendemain (à quand le prochain licenciement, la baisse des salaires, des primes, les inégalités en expansion, etc.), ils peuvent donc faire parler d’eux si on ne les écoute pas, et utilisent la grève. Une hausse du taux d’inflation après une hausse des salaires nominaux (bruts, non déduits de l’inflation) ne serait pas un problème si ceux-ci étaient indexés sur l’inflation au lieu de l’être sur la croissance économique, comme le prévoit le drastique plan de rigueur du gouvernement de F. Fillon.

 

En résumé, un plan de rigueur fige l’activité économique du pays, il créé une récession afin «d’économiser». C’est se couper une patte pour tenter de courir plus vite. Mais l’État n’est pas un petit porteur de monnaie qui économise, sa bourse est cossue. Il est ouvert sur une plateforme mondiale où règne la loi de la jungle, l’iniquité du profit, du rentable et de la compétitivité. Une rigueur pratiquée en économie ouverte débouche sur l’autodestruction de l’État. Avec le gel des prestations, des salaires jusqu’en 2016 (et plus si affinités) et l’explosion (prochaine) du taux de chômage, nombre d’entreprises font et feront faillites. Comme l’État-Banquier dira aux pauvres qu’il est ruiné, tout le PIB allant au remboursement d’une dette publique illégitime, il se dira aussi incompétent pour gérer les services publics. Alors, il aura les pleins pouvoirs pour privatiser  ouvrir à la concurrence internationale la santé, l’éducation, les transports, l’eau, le gaz, l’électricité, l’armée, le fisc, la fonction publique en général, et tous les secteurs publics. Exceptée peut-être la police aux frontières (quoique) qui use du contrôle au faciès, glace de tétanie et expulse chaque année des dizaines de milliers d’individus doublement paupérisés, dans leur pays d’origine et en France.

 

 

 

4.2. L’Union Européenne, un régime renversé par ses propres alliés

 

Commeune dictature militaire décrète l’état d’urgence et le maintient pendant trente ou quarante ans jusqu’à changement de régime, réprimant les foules par la force et dans le sang, la dictature économique des marchés financiers impose aux États privatisés l’austère terreur des plans de rigueurs. C’est une arme de destruction du public pour privatiser les profits en réduisant toujours plus les coûts de production (salaires, équipements, prestations, etc.) et en laissant l’action publique s’occuper de ce qui est trop cher (renflouements, étanchement des dettes privées).

Désormais, -et la finance ne prend plus de pincettes-, les gouvernements sont renversés en un rien de temps, sans élection, sans motion de censure, sans vote de confiance, sans passer par les parlements. Quelques élucubrations médiatiques suffisent. Une poignée d’Hommes gouverne au nom des banques, attaque et spécule sur les monnaies, d’autres groupes claniques détiennent les créances sur les devises, et ce sont 1% des riches de la planète qui placent leurs ouailles au trône des institutions publiques. Les Premiers Ministres G. Papandréou, S. Berlusconi en ont fait les frais mi-novembre 2011. Ils ne sont pas vraiment réputés pour leur marxisme, leurs politiques d’obédience libérale durant la crise de 2008 ont largement parachevé de dynamiter leur popularité, mais ils n’ont néanmoins pas été expulsés par la rue, des députés ou par des citoyens. Novembre 2011 est le mois qui voit trois figures de proue du royaume bancaire faire rapidement irruption au sommet des institutions, pour diriger une nouvelle phase du capitalisme, une nouvelle doctrine de choc et toujours plus virulente :

Mario Draghi à la tête de la BCE, Loukás Papadímos et Mario Monti, Premiers Ministres grec et italien. Mario Draghi fut vice-président de la puissante Goldman Sachs pour l’Europe (2002-2005) et gouverneur de la banque d’Italie (2006-2011). Son acolyte Mario Monti est commissaire européen à la concurrence et consultant pour la même banque en 2005. Il est aussi membre de la section Europe à la Commission Trilatérale, membre du groupe Bilderberg et sénateur à vie. Nommé en vitesse à la succession de S. Berlusconi, il s’est lui-même nommé ministre de l’économie et n’est affilié à aucun parti politique. Faut-il faire confiance à la démocratie pour qu’il assume, bien entendu, chaque office en toute autonomie et sans aucune collusion de l’une à l’autre ? Permettons-nous d’en douter !

Novembre est aussi le mois où la démocratie (comme régime, dans son sens philosophique et juridique et non dans son sens médiatique) est devenue un régime obsolète appartenant à l’histoire contemporaine de l’Europe. Cette passation de pouvoirs entre politiciens et banquiers, véritable putsch des marchés qui réalisent leur assaut final, signifie deux choses : un État privatisé ne pourra plus avoir l’initiative des politiques économiques à mener, celles-ci seront écrites ou remodelées à loisir par les acteurs de ces grandes banques comme Goldman Sachs. En d’autres termes, la politique de rigueur est et sera obligatoire : règle d’Or inscrite dans le marbre des Constitutions, elle sera la seule politique économique et budgétaire structurelle qui soit autorisée. Et deuxième chose, le tout se fait dans le plus parfait déni de la démocratie au mépris des populations, dans l’ombre des médias et des urnes. Alors, afin de détruire l’État et de grignoter un petit peu plus les institutions publiques, le meilleur moyen est d’en prendre le contrôle, comme un terroriste kamikaze détournerait un avion. Cela passe par la mise en place des politiques de rigueur au niveau européen.

En «échange» des prêts consentis, on imagine bien que les créanciers vont exiger des contreparties à l’État, l’argent n’est pas gratuit. Les banques et institutions financières (FMI, BCE, Banque Mondiale, etc.) sont des entreprises privées, et n’ont qu’une seule face sur leur prisme, celle qui fait d’eux des rois, et engendrer du bénéfice sur l’argent prêté. L’argent s’achète sur un marché à la BCE, et sert à faire plus d’argent avec l’argent, non des marchandises de qualité qui nourrissent les âmes. Ainsi, en échange, les institutions financières vont imposer des plans de privatisation des entreprises publiques, des réformes de casse du droit du travail, de la couverture sociale : les plans d’ajustements structurels. Accroissement de la dette, rigueur, moins d’argent, nouveau prêts, nouvelle dette, deuxième rigueur, abdication du pouvoir et voilà que se fera la fusion-acquisition du Parlement par une banque d’affaire : la belle affaire !

 

Seul un gouvernement peut avoir le pouvoir et le courage de taper du poing sur la table pour sortir de ce garrot de la dette en nationalisant les banques pour mettre un coup d’arrêt à la guerre, à la spéculation financière. Les élections prochaines en France nous donnent l’occasion de ne pas applaudir ce gouvernement cyclope, neurasthénique, faisandé et lugubre.

Presse et pouvoirs assimilent un crime financier à une pathologie bénigne guérie à coups de purges, ils font de nos destins un festin, et répondent aux clameurs par de la peur. Et dans la sueur du labeur, grignotent ce que l’on a du restant de nos heures sans ne jamais battre en retraite. Quand viendra l’heure des heurts, il ne faudra pas venir nous inonder de pleurs que l’audace et la fougue populaire aient mit le feu aux poudres pour commettre les régicides en face desquels nombre resteront placides. Les loups sont entrés par effraction, délogeons-les de nos enclos !

 

Samuel Moleaud.

1er Décembre 2011. http://sam-articles.over-blog.com

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 17:17

psacademyEn ces jours d’automne où les feuilles commencent à rougir et se délier de leurs attaches malgré un soleil qui nous offre encore une chaleur estivale, voici venu le jour où l’on invite la «gauche» bien-pensante à se démettre de sa conscience pour exprimer dans les urnes quel fossoyeur pourra se porter candidat au plébiscite de la bourgeoisie. La gauche ? Pardon, je voulais parler de ces gens qui se disent de gauche alors qu’ils sont de droite, ne sachant pas qu’ils votent pour le sauvetage de l’ordre économique néolibéral et féodal. Je ne ferai pas ici le topo d’un faux débat issu du premier tour en glosant sur qui de M. Aubry ou de F. Hollande serait le mieux présidentiable, ou en pleurnichant aux côtés des éliminés. Un tel débat abject et vide de sens serait relatif à se demander qui du serpent ou du chat mange le mieux la souris : un raisonnement contre-productif.

Ah, ce jour de citoyenneté où les gens pensent choisir leur candidat pour l’élection pestilentielle, après tant de turpitudes, cela ne se manque pas ! A la fin de la période de vote, soit dimanche 9 Octobre 2011 vers 17h, on «apprend» que «le seuil d'un million de votants que nous imaginions commme étant le seuil de base pour avoir la réussite de la primaire est dépassé et sera dépassé ce soir» (1). Notons d’emblée la faute d’orthographe du journaliste sur le copié-collé de sa source dans l’article (écrire «comme» avec trois fois la lettre «m»), ce qui dénote la vitesse à laquelle il a dû produire (et non créer) sa chronique. Ce qui signifie aussi qu’il a dû faire l’impasse sur la phase de relecture. Mais soyons indulgents, les journalistes de nos temps modernes se trouvent soumis au même rouage productif que les manutentionnaires ouvriers des usines : ils doivent aller vite, produire, et rentabiliser pour un chef. L’erreur d’orthographe n’est pas directement de leur faute, ils sont payés pour écrire vite et mal.

 Donc maintenant, un, deux, trois millions d’électeurs (sympathisants) suffisent à la réussite d’une échéance citoyenne. A ce rythme, 5% de suffrages exprimés l’année prochaine suffiront à créer de la légitimité, avec donc 95% d’abstention ou de votes blancs. Une élection est donc un succès si trois millions d’électeurs ayant contribué un euro, se déplacent au bureau de vote. Déjà, c’est mal barré pour leur démocratie s’ils ne se contentent que de trois millions d’électeurs, de clients, devrais-je dire. On comprend pourquoi le programme «social» du PS qui brille dans l’anti-sarkozysme primaire, ne dépasse pas la simple remise en cause de la politique menée par l’UMP depuis 2007 : simple rétablissement du départ à la retraite à 60 ans, refonte de la politique de sécurité…mais tout en ayant, multinationales et lobbies de l’armement obligent, un programme politique sécuritaire pour séduire les franges ouvrières et dites versatiles apeurées par les médias. Par soucis de communication et de marketing politique, ayant un électorat de classe moyenne favorisée et uniformisée, la lutte des classes ne fait plus recette, alors on se demande si le nucléaire ou la spéculation financière ont encore leur place dans l’économie. Si ce parti était de gauche, la réponse serait automatiquement déduite, et ne se poserait pas.

Au final, ce seraient deux millions et demi d’électeurs qui auraient voté. Réussite ? Sursaut démocratique ? Prémices d’un délitement chronique du capitalisme au profit de la gauche ? Oui mais laquelle ? Signe du malaise social et d’une volonté de changement ? Sans doute, mais si les électeurs du PS votent pour espérer un changement de la part des barons de ce parti, ils se trompent.

 

Car il s’agit d’un parti politique de masse, qui ne diffère de celui au pouvoir depuis 2003, que par sa marque déposée, et dont l’idéologie adaptée au monde contemporain, converge vers le même modèle économique. Donc, vers la même tyrannie de la bourgeoisie et de la finance sur ses rejetons et à tous les échelons des rapports sociaux de production.

            Je ne suis donc pas allé voter, une fois de plus. Car je suis un travailleur pauvre payé avec un lance-pierres nommé smic, donc seulement 100€ de plus que le seuil de pauvreté (établit à 950€ pour une personne seule), et en fin de mois, il est récurrent que ce salaire tombe dans le remboursement des créances bancaires. Donc moi qui suis crédule, borné et acariâtre, et dont l’obstination pour mes idéaux utopiques me fait rarement changer d’idées, je n’utilise pas l’argent des banques pour voter. Car un euro prêté par une banque prend vite un zéro dans son remboursement. Ou alors, je règle avec un euro prêté, mais cela signifierait que le vote ne m’appartient pas, ce qui est encore pire. Je n’ai donc même pas la possession de l’euro ouvrant droit au vote. Je suis pourtant un sympathisant de la gauche… Mais je suis trop pauvre, puisque je travaille pour rembourser un prêt et un découvert bancaire. Comme beaucoup désormais. Avec ce système de primaires tarifées un euro par électeur, le parti socialiste vient de réinstaurer le cens électoral, en plus clair, d’exclure les plus pauvres du vote. Et pourtant, ce commerce fait recette dans les salles de presse. Le 9 octobre 2011, j’étais un pauvre petit métèque privé de ma citoyenneté. Mais vu ce qu’elle donne, ce n’est point grave…

           Le jour de cette élection préliminaire qui incite tout sympathisant de «gauche» à déshabiller la politique en vue de caresser des «érections pestilentielles» à venir (en empruntant vulgairement la tirade humoristique à Coluche), moi je pense à l’histoire de ce parti qui fait aujourd’hui son grand show : quel rapport y a-t-il entre le Parti Socialiste d’il y a cent ans, et celui d’aujourd’hui ? De quelle gauche est-on sympathisant ? Sans doute pas la même.

Il est très récurrent d’entendre que le PS n’est plus qu’un parti de droite déguisé en parti de masse, socialiste. D’aucuns diront que nous le savons presque tous maintenant, inutile de le ressasser. Mais ce que tous ne savent pas forcément, c’est son empreinte historique, les hommes qui l’ont incarné et les valeurs dont il a hérité.

 

Dis-moi Papa, c’est quoi la Gauche ?

 

 Le Parti Socialiste que l’on connaît aujourd’hui en France est celui qui fut refondé en 1969, dans les entrechocs idéologiques de la Guerre Froide et les dissensions politiques d’après mai 1968, à une époque où le PCF revendiquait 800 000 adhérents contre cent ou deux-cent fois moins aujourd’hui. Tout d’abord, il faut noter que le PS est l’héritier d’une scission entre deux mouvements ouvriers qui ont traversé le 20ème siècle. Hérité des différentes approches en philosophie politique du 19ème siècle, le parti socialiste s’unifie en France en 1905, autour d’un député du Tarn, Jean Jaurès. Mais ne nous y trompons pas, la plupart des courants socialistes d’avant celui de Jean Jaurès, sont très hostiles à l’État, la République et ses institutions, car elles représentent une autorité oppressante pour le droit et la liberté des travailleurs et, plus largement, des gens (la société étant majoritairement rurale et ouvrière). Jusqu’à mai-68, le socialisme reste d’obédience marxiste et est radicalement contre la société de consommation, car elle met le système capitaliste directement au cœur de ses propres contradictions. Après la révolte avortée de toute une jeunesse précaire et d’une classe ouvrière marginalisée/ignorée de la société, c’est-à-dire après mai-1968, le socialisme partisan français est une idéologie qui milite pour l’écologie en conservant les centrales nucléaires et les industries du complexe militaro-industriel capitaliste (les pollutions minimes du contribuable stigmatisé pour avoir laissé couler un litre d’eau en trop en se lavant les dents…et même avec le drame radioactif de Fukushima, le PS peine à dire que ce sont les grosses compagnies qui sont en passe de détruire pour longtemps les écosystèmes). Mais il faut encore remonter la balance du temps pour saisir d’où nous vient ce fameux PS.

Au début du 20ème siècle, J. Jaurès, figure de proue du socialisme démocratique, souhaite réconcilier les républicains et les socialistes, et y parvient avec la création en 1905 d’un nouveau parti politique, la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO). C’est en ce début de 20ème siècle que la gauche, qui a toujours été républicaine, belliciste et nationaliste, devient pacifiste, internationaliste et antimilitariste. Jean Jaurès profite d’une période de transition pour tenter l’unification des différents socialismes. Dans ce créneau, la SFIO sera pendant un temps la représentante unie de l’internationalisme et du pacifisme, carrefour de toutes les gauches pour faire choc frontal contre le capitalisme débordant. Mais c’est aussi le temps des grandes grèves ouvrières de 1907, et d’un mouvement syndical qui peine à prendre en considération les aspirations des travailleurs, et un temps qui voit donc son premier réel échec syndical cuisant. Et oui, des élites dites socialistes (bourgeois) qui n’écoutent pas leur électorat, cela fragilise le noyau d’un parti. En quelques années, l’Europe des vieilles alliances s’apprête à s’embraser dans un conflit, et le pouvoir français mené par Raymond Poincaré (1860-1934) cherche «l’union sacrée», sorte de propagande pour rallier les couleurs politiques du Conseil aux faveurs d’une guerre contre l’Allemagne. Ce que les socialistes refusent catégoriquement (c’est une première, auparavant, ce furent les monarchistes à l’instar de 1870, qui signaient les armistices). Mais par suite à l’assassinat de Jean Jaurès le 31 juillet 1914 par un militant nationaliste «d’extrême-droite», la SFIO se rallie au gouvernement français, et cet évènement (qui n’en est pas la cause) précipite le début de la Grande Guerre. Avec la durée et les conséquences de la Première Guerre Mondiale, une opposition antimilitariste se constitue donc à la gauche du parti. La montée en puissance des bolcheviques et des marxistes-léninistes en Russie, la Révolution d’Octobre 1917 achève d’affaiblir la SFIO, plus modérée et moins révolutionnaire que les premiers.

En 1920, la scission est officialisée avec la naissance de la Section Française Internationale Communiste (futur PCF). Voilà donc comment commence l’histoire. Pas l’Histoire marxiste, mais celle de la mort de la gauche dans la société française contemporaine.

Ainsi, depuis 1920, les modérés s’affilient à la SFIO, et les plus socialistes, (marxistes, révolutionnaires) rejoignent la SFIC. Voilà pourquoi parti communiste et parti «socialiste» sont différents et ne représentent pas la même Gauche en politique. Pour finir la petite histoire résumée du parti socialiste, la SFIO joue un rôle dans la Résistance sous l’Occupation, mais elle fut critiquée car d’anciens membres se rallièrent au régime de Vichy. En 1946, certains contribuent à l’élaboration du Conseil National de la Résistance (qui érigea un fort programme social dont nous avons tous hérité (2)), tandis que d’autres rejoignent le gouvernement provisoire du général De Gaulle (1890-1970). En 1965, une tête émerge de nulle part. François Mitterrand, de centre-gauche sur le tableau de l’époque, se porte candidat aux élections présidentielles en tant que candidat unique de la gauche (tout en récusant profondément la Cinquième République), pour la réformer et oblitérer le paysage politique français de ses idéologies, tiraillées entre le socialisme et le gaullisme. On aura compris la manœuvre : chercher le rassemblement des couleurs en politique, c’est toujours noyer le poisson dans la soupe. Il est battu face à De Gaulle en 1965, mais «rafle» la mise en 1981.

 Durant les deux mandats présidentiels du PS (1981-1988 et 1988-1995), R. Reagan (1911-2004, républicain) était président des États-Unis, et M. Thatcher (née en 1925, parti conservateur, libérale) dirigeait la Grande-Bretagne. En conséquence, la France ne pouvait pas être socialiste en tant qu’alliée de deux États néolibéraux «ennemis» économiques de l’URSS. Les deux chefs d’États les plus puissants du monde auraient empêché F. Mitterrand d’appliquer un programme socialiste, ce contre quoi il n’a pas lutté puisque de 1981 à 1995, le PS a été le parti qui a le plus privatisé les entreprises et précarisé l’économie que le RPR ou l’UMP gaulliste ne l’avait fait jusqu’à 2007. Mis à part un faible regain de politique sociale pendant la cohabitation de 1997 à 2002 sous le gouvernement de Lionel Jospin, le PS depuis que F. Mitterrand l’ait refondé en 1969, a toujours fait en sorte de tuer tout ce qu’il peut y avoir de socialiste dans la gestion des affaires, à un tel point que le RPR sous J. Chirac aurait pu paraître plus social que le parti de la rose. (Rappelons, au demeurant, que sous Jospin, le PS sous couvert de socialisme dans les médias, s’est rattrapé en termes de libéralisation de l’économie : chômage, inflation, ouverture des capitaux, soumission aux marchés financiers (cf. l’Accord Multilatéral sur l’Investissement en 1997), ratification de traités européens, etc.).

 Résumé historique grossièrement bouclé, voilà pourquoi la Gauche de 2011 et ses primaires ne sont pas les mêmes que la Gauche de 1905 : je ne suis pas Jean Jaurès, encore moins Karl Marx ni Pierre-Joseph Proudhon, entre bien d’autres. Mais ces hommes se sentiraient profondément trahis, s’ils pouvaient encore écrire et philosopher (et cela ne ferait que du bien au lieu d’entendre les balivernes d’un BHL ou de Jacques Attali et compagnie), de voir ce que le «socialisme» est devenu 150 à 100 ans après leurs décès.

 

Bref, je m’en retourne à mon sujet primaire. Payer pour voter socialiste est bel est bien le signe, à mon sens, de la proclamation publique depuis sa refonte made in 1969, que le Parti de la rose en France n’a de socialiste que le nom. Soit, je viens de le dire. Mais pourquoi payer, pour avoir une démocratie participative ? Plus précisément, pourquoi mettre la main à la poche pour choisir des gouvernants qui affichent l’idéal de mettre à bas la société marchande ? Car c’est de cela qu’il s’agit lorsque l’on parle de socialisme : répartir les richesses produites par tous de manière équitable, atténuer voire abolir les effets dominateurs de classes sociales, contrôler la finance, pénaliser la spéculation, trouver une justice sociale (quoiqu’une justice tout court serait déjà un progrès), et non faire banquer le peuple pour financer les jeux de l’élite. Pourquoi payer alors ? Sans doute parce que ce parti serait foncièrement contrarié si une réelle révolution socialiste pointait son nez, vu qu’il s’accommode à merveille de la marchandisation du monde. Bas-peuple, vous voulez une démocratie, il va falloir l’acheter. Et oui, la liberté se paye aussi de nos jours. 

            En fait, d’un autre côté, l’idée nouvelle de proposer une contribution d’un euro à chaque électeur sympathisant n’est pas si dérangeante que cela. Car à la limite, on pourrait même se dire, «mais pourquoi pas !», il vaut mieux que la campagne électorale ou le vote soit soutenu par les «citoyens» intéressés plutôt que par les lobbies du complexe militaro-industriel, les multinationales fabricantes/marchandes d’armes et les dictatures militaires africaines. La corruption dans le financement des partis politiques et des élections, est quelque chose que la France connaît assez fort bien et que les bénéficiaires pratiquent avec aisance. Nous en avons même entendu quelques sons de cloches provenant de la Libye récemment, à propos d’une certaine élection présidentielle de 2007 ayant élu un belliqueux impérialiste au chevet des actionnaires et des dictateurs africains, et qui se serait financé grâce à leur chaleureuse aide si bien garnie dans le dos de la population jugulée... Donc, à la limite, cela peut être un financement sain, populaire et démocratique. En tout état de cause, la question est ouverte.

2. Les primaires et la presse : un débat à hauteur de l’évènement : primaire.

La manière dont les médias diffusent l’information sur ce sujet, est savoureuse. Des candidats «en lice», d’autres disqualifiés, une fausse dualité entre deux ennemis-amis, une «finale» désignant qui de F. Hollande ou M. Aubry sera l’officiel vainqueur des primaires. Dans ce concert primaire de la médiocrité qui étouffe le débat public et la pensée par son larsen de démagogie, le traitement de cette élection s’articule comme s’il s’agissait d’un jeu, ou d’un tournoi de foot. Là où l’enjeu de taille de 2012 devrait être la question du pouvoir outrancier de la finance internationale sur la souveraineté des États à tous les niveaux, les médias sont en train de transformer cette échéance politique en espèce de petit match entre quelques petites équipes qui s’affrontent, que l’on gagne ou que l’on perde, ce n’est pas grave, l’important sont les droits de diffusion et l’audience… La médiatisation de cette primaire du PS et son suivi, après avoir complètement vidé l’enjeu politique de son sens depuis des semaines, parachève de dépolitiser l’opinion publique. Cette même presse à scandale à faits divers riches en émotions fortes, il y a quelques semaines, titrait une déclaration d’un F. Hollande promettant un 10 mai 1981 (le jour de l’élection de F. Mitterrand). Évidemment le bougre, qui est mine de rien loin d’être stupide, n’allait pas promettre un 6 mai 2007…ou un 18 mars 1871 (le jour du début de l’insurrection socialiste de la Commune de Paris) !

 J’apposerai un paragraphe final à cette diatribe antipartisocialiste, en ajoutant que si les six candidats étaient réellement socialistes, ils auraient déjà démissionné du parti depuis longtemps, même «l’altermondialiste» Arnaud Montebourg. Comme d’autres l’ont déjà fait plus à gauche. Car aucun socialisme digne de ce nom ne peut accepter de fonctionner avec la loi du marché et dans la main de la mondialisation capitaliste.

 De plus, est-il démocratique que ce soit les chefs de partis qui se portent candidats aux élections, et non des membres de la société civile, de l’ouvrier de base au fonctionnaire ou au médecin, voire même à l’avocat? La politique devrait être l’occupation et le souci de tous, non une profession rémunérée réservée aux seules têtes socialement capables. On peut toujours espérer que la sixième constitution que rédigeraient les socialistes (PS inclus, pour une fois) intègre la possibilité pour la population de participer au processus de prise de décision publique, selon une hiérarchie horizontale pour que la voie de chaque entité humaine compte réellement. Mais pour cela, il faudra un réel travail d’éducation populaire et révolutionner le système scolaire. Donc, nous n’y sommes pas, à moins que l’Offre Publique d’Achat de l’oligarchie millésime 2011, n’accélère sa crise et qu’elle ne provoque un cataclysme économique mondial avant le mois d’Avril 2012. A moins, au final, que le processus de réveil des âmes indignées -qui deviendraient alors irascibles, révolutionnaires et militantes pour une société plus égalitaire, démocratique, juste et équitable- n’aille plus vite que celui de la bourgeoisie : une société qui se politiserait à gauche pour garroter cette foutue mondialisation financière néolibérale.

On peut toujours rêver. Car à tribord, la peste brune séduit aussi ses matelots esclaves et victimes du commandant de bord bien au chaud dans une cabine de première classe. Mais un autre réveil sonne, c’est l’heure d’aller honorer mes 35h pour quémander mon Smic. A la fin du mois, j’aurai l’euro nécessaire pour voter. Pas de chance, les primaires seront devenues secondaires dans mon esprit. Décidément, ce n’est vraiment pas de chance !

 Samuel Moleaud. Lundi 10 octobre 2011.

 

Sources :

1.http://www.leparisien.fr/election-presidentielle-2012/en-direct-primaire-ps-la-barre-du-million-de-votants-a-ete-franchie-08-10-2011-1644849.php.

2. http://fr.wikisource.org/wiki/Programme_du_Conseil_national_de_la_R%C3%A9sistance

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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 11:04

            Il est désormais courant d’entendre que l’économie mondiale est en crise, et que dans ce contexte de conjoncture difficile, mieux vaut patienter pour s’affairer, que des jours meilleurs fassent briller nos portes-feuilles. Les bourses clôturant en baisse, scrutant les monnaies en dévaluation, la finance en effervescence entraîne avec sa chute le délabrement de l’État. Cette crise serait donc une sorte de trou noir absorbant tout, surtout les capitaux, contre lequel il est impossible de lutter car personne ne l’aurait générée, tant il est inconcevable autant qu’impossible de lutter contre le libre et naturel cours du marché. La crise mondiale, la plus grave depuis les années qui ont précédé les fascismes en Europe, serait une résultante de la mondialisation : puisque le marché est vertueux, cyclique et libre de tout contrôle étatique, il se régulera de lui-même après l’orage bancaire. Quelle naïveté ! Comprendre plutôt qu’il est naturel voire biologiquement intrinsèque à l’Humanité que 99% de la population subissent le dernier pour-cent boursouflé de kilos dollars, qui impose sa loi, affame, tyrannise et tétanise la planète…

 

La concupiscence pour l’accumulation des biens matériels est telle dans le comportement des acteurs sociaux, quels qu’ils soient, qu’elle est un leitmotiv, une norme de conduite où l’antisocial devient social : Le pauvre adule son maître bourgeois, il surconsomme, il aspire à vivre comme lui et se ruine pour cela. La classe moyenne précaire, elle, dénigre les pauvres et fait flamber son compte bancaire. La classe moyenne supérieure est celle qui épargne sur les marchés financiers, elle cire les pompes de la classe possédante juste au dessus d’elle. Le pire d’hier devient la normalité d’aujourd’hui, la mémoire se raccourcit et l’espoir s’amenuise. Et oui, le capitalisme marchand a toujours existé, et se maintient dès lors que s’opère une tractation entre deux individus. Il y a toujours une valeur à toute chose, et un prix à l’échange.

 

            Depuis 2008, la croissance économique des pays occidentaux est molle voire négative, et c’est en dépit d’une crise incontrôlable que l’on devrait se serrer la ceinture, accepter de fournir plus d’efforts afin d’en finir avec la récession, et aller « chercher la croissance avec les dents s’il le faut. »(1). Le royaume bancaire et l’influence que la finance a pris sur les institutions publiques, ne remontent pas à 2008. L’attribution à toute entreprise de la personnalité morale juridique en 1864 aux États-Unis eût pour conséquence qu’une banque, plus tard une  multinationale put conclure des contrats, assigner l’État ou les personnes physiques en justice, et réaliser des profits énormes. Bientôt, les grandes corporations détournèrent la juridiction des États pour échapper à leur contrôle, elles financèrent les belligérants des grands conflits. Ainsi, les gouvernements avides durent s’associer avec ces nouveaux rois de la finance pour se maintenir dans leur rang. La stratégie fut simple : instaurer le chaos pour en récolter les bénéfices. Une guerre, un putsch, une catastrophe naturelle, une crise, tout est bon pour faire du profit. Sauf que le contrôle de l’appareil étatique est souvent un frein à la concentration accrue des capitaux : dans nombre de pays, il existe un droit du travail qui encadre relativement salariat, patronat et indépendants. Les codes du travail contiennent des articles juridiques qui normalisent les salaires, la liberté d’expression, l’action syndicale, le temps de travail réglementé, les conventions collectives, les contrats. Les constitutions dites démocratiques quant à elles, grossièrement, fixent les relations entre les différents pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) et les citoyens. Des devoirs sont institués, mais aussi des droits sociaux comme ceux de participer à la vie politique (mais pas trop, sinon le peuple peut gouverner en lieu et place de l’élite oligarchique).

Ces droits sociaux, que d’autres nomment par « acquis sociaux», cette législation qui fait que les gens ont en théorie droit par exemple à une couverture sociale (famille, santé, vieillesse) en cas de période difficile, à un temps de travail salarié fixé à 39h maximum, à des congés payés, etc., furent obtenus tout au long de la première moitié du 20ème siècle. Mais ils ne furent pas gratuits : pendant toute l’émergence de la classe ouvrière de 1850 à 1970, partout où il y eut des luttes sociales organisées, l’oligarchie capitaliste craignait que les mouvements sociaux ne basculent en insurrection. Le spectre de la révolution socialiste hantait les libéraux, et c’est par la lutte sociale acharnée des travailleurs, que les droits sociaux et libertés fondamentales furent obtenues.

 

            Ces droits sociaux, ou plutôt, les réglementations étatiques, ne sont pas très appréciées des capitalistes car elles freinent leurs profits abyssaux. Lorsque les salariés d’une entreprise bénéficient d’avantages sociaux en tout genre, et voient leurs salaires augmenter, cela ne plaît pas aux néolibéraux. Alors jusque-là, ils s’alliaient avec des gouvernements en accord avec eux, ils imposaient leur idéologie économique, et renversaient les gouvernements socialistes, à l’instar de ce qu’a subi le Chili le 11 septembre 1973. Comme la manœuvre itérative ne peut pas être réitérée trop de fois, sans quoi trop de citoyens en seraient avertis, les spéculateurs se sont mis à attaquer directement les secteurs de l’économie sur les marchés internationaux : l’agriculture, les armes, le social, les télécommunications…tout profit fut bon à prendre. Même sur la souveraineté, ils pouvaient attaquer directement la monnaie des États. Des créanciers détenaient carrément la dette publique d’un État, de sorte qu’ils pouvaient en exiger illico-presto le remboursement. Des agences, constituées d’hommes d’affaires haut placés, s’arrogeaient le droit de décider de la solvabilité ou non d’un pays, et la dégradait ainsi lorsqu’il ne correspondait pas à leurs critères (autrement dit, lorsque l’État ne fut pas assez néolibéral). Les riches contribuables placèrent leurs revenus dans des paradis fiscaux, les grandes entreprises multinationales ne payaient plus leurs impôts à hauteur de ce qu’ils devaient dans le pays du siège social. Petit à petit, l’impôt, devenu proportionnel, reposait uniquement sur les prolétaires des classes moyennes pendant que les classes aisées, elles, pouvaient se payer les honoraires des cabinets de conseil financier pour s’exonérer de leurs impôts. Le travail fut dégradé, des millions de personnes volontaires furent condamnées à la pauvreté par manque d’emplois car leur gouvernement préféra lutter (vainement) contre une inflation criante au lieu de générer une politique sociale de plein emploi. Le marché noir à tickets de rationnement fit bientôt le quotidien des damnés de la Terre. Ainsi, l’objectif ne fut pas de pallier aux crises économiques, mais bien le contraire : organiser une crise permet de garrotter le peuple, mettre des riches sur la paille et d’en enrichir d’autres et de marcher sur les plates bandes des prébendes d’autrui. La concentration du capital permet d’aggraver les contrebalancements des crises, et d’asseoir le pouvoir de la finance sur l’État : c’est la stratégie du coup d’État permanent.

 

Résultat, si l’on pousse l’idéologie à l’extrême, encore cinq-six ans de régression sociale et de mise à sac de l’État, et les services publics vont être complètement démantelés, plus aucune recette fiscale ne rentrera dans les comptes publics. Comme ces services publics ne fonctionneront plus de manière optimale, les gouvernements déclareront qu’ils ne seront plus en mesure d’en assurer le fonctionnement, et que les projets relatifs aux lois de finances doivent ouvrir le capital de toutes les entreprises publiques à la concurrence extérieure : comprendre que Suez, Veolia, Total, Vinci, Danone, Nestlé, General Motors, JP Morgan, Société Générale, BNP Paribas, Natixis, etc., seront les nouveaux dirigeants des institutions à partenariat public-privé : l’État privatisé. Les prix augmenteront drastiquement, la couverture sociale disparaîtra, le temps de travail augmentera peu à peu pendant que les salaires tomberont en flèche comme un château de cartes. Imaginez L’École à Natixis, les universités et la recherche à Veolia, la santé publique à Sanofi, les transports à Veolia, Vinci et Suez… Sur un graphique, le curseur de 2011 se situerait ici. Conscients que les profits pourrait s’accroître, les banques Natixis, Société Générale et BNP Paribas auront carrément fusionné-acquis le Palais Bourbon et du Luxembourg. Les élections se feront rares, ou alors, lorsqu’elles auront lieux, n’auront le droit de se présenter uniquement les membres de conseils d’administrations des entreprises publiques-privées (le terme « public » désignant les seules parts à 5% détenues par l’État).

 

L’idéologie des néolibéraux est à son paroxysme : instaurer un anarchisme libéral affranchi des États-Nations, l’oligarchie pure. Et la crise qui dure depuis 2008 est une aubaine pour les maîtres du monde. L’instabilité économique leur est dangereuse à une époque où l’indignation populaire monte en intensité. Mais pourtant, l’assujettissement des gouvernements à leur doxa, permet de réaliser un putsch monumental en toute impunité. Ce que nous nous apprêtons à vivre en France, en Europe occidentale, ce que vivent déjà les européens du sud, n’est pas une crise financière. C’est un coup d’État de la finance sur l’État. Ou plutôt, une Offre Publique d’Achat (OPA) d’un Empire sur un État. La situation alarmante de la Grèce en 2011 éclaire sur cette vision.

 

En 2011, 737 personnes morales détiennent 80% des valeurs des entreprises mondiales (2). Cette stratégie est actuellement installée en Europe du Sud, où la troïka (FMI, Banque Centrale, Commission Européenne) a déclaré la guerre à la population.

 

En Grèce, le salaire minimum a été réduit à 600 euros mensuels (3), et les tarifs ont augmenté de 100% sur la consommation du pétrole et du fuel. Le prix de l’électricité, du gaz et des transports publics ont accusé une hausse de 50%. On ne nous fera plus croire que la concurrence pure et parfaite existe, et qu’elle permet de faire baisser les tarifs. Un tiers des entreprises commerciales auraient fermé leurs portes, et ne seraient plus en mesure de payer les salaires. Les ménages en couple atteignant 2000 euros chacun n’ont désormais que 400 euros d’allocations chômage qui sont versées avec des retards d’un mois à deux. Nombre de fonctionnaires, quand ils sont encore en poste, ne sont plus rémunérés. Pourtant, 97% des fonds alloués par l’Union Européenne et le FMI ont bénéficié aux banques qui encaissent des intérêts colossaux pendant que le service de la dette repose sur des contribuables déjà paupérisés. S’ajoute à cela une part de 40% des jeunes diplômés étant condamnés au chômage structurel, et ceux qui ont la chance de pouvoir travailler voient leurs rétributions s’amenuiser, ou perçoivent au noir les fruits de leur labeur. Éradiqués les acquis sociaux, pulvérisées ont été les recettes fiscales, jeté aux rois de la jungle a été l’État grec.  

Pendant ce temps, les médias dominants crient à la malhonnêteté des travailleurs grecs qui font du black, plongent l’économie dans le trou noir informel et qui augmenterait la dette publique. Il est vrai que les médias bourgeois seront plus enclins à expliquer le chaos par la fainéantise d’un peuple plutôt que d’évoquer l’avidité des représentants de la troïka. Les milliards qui ont été donnés en échange de ces plans d’ajustement structurels à répétition, sous couvert d’aide massive, ont servi à engraisser les poches des actionnaires et des banquiers, et l’on veut expliquer à l’auditeur européen que le grec, l’espagnol, l’italien, le portugais ou le français ont un comportement vicieux. Petit exemple d’avidité des places boursières : lorsque les banques frôlaient la faillite en 2008, l’Union Européenne s’est attelée lors du G20 à rembourser les mauvaises créances en consentant aux établissements de crédit des prêts à 2% d’intérêt. Quelques années plus tard, ces banques prêtaient à 12% (2009), puis 18% (2011) aux États lorsqu’ils approchaient le défaut de paiement. Expliquer la crise de la dette par la malhonnêteté d’un peuple, est un peu comme expliquer la famine en Afrique par le soleil : empêcher de réfléchir et se tromper d’ennemi. La guerre est déclarée à l’Europe. Et le terrorisme économique colonialiste que vit l’Europe aujourd’hui est le même que celui dont l’Afrique a souffert tout au long du 20ème siècle et dont les stigmates courent encore aujourd’hui d’une manière trop criante : une tiers-mondisation des pays riches au bénéfice de quelques uns.

Le constat est simple : la Grèce subit un coup d’État de la finance qui fait son OPA sur les institutions, et ce pays, première victime européenne de tiers-mondisation, est en train de subir ce qui nous attend plus au nord si les dernières vraies élections à venir ne concrétisent pas le souhait de millions d’indignés silencieux en effervescence : changer ce rouage systémique. Résister aux « chocs » économiques. Nous ne sommes plus des veines prêtes à recevoir des injections en seringue d’austérité comme on prescrit des antibiotiques à un simple rhume. Ce ne sont pas aux peuples de payer la bêtise des capitalistes, encore moins d’en payer les dettes, et s’il y a une cure à infliger, elle est à administrer aux classes possédantes, une cure de bien public et commun qui voudrait que tout le monde puisse jouir d’une existence décente. La solution alternative est pourtant simple à appliquer, tant l’action publique pourrait adjoindre la participation de tous à l’altermondialisation de la planète, dans le démantèlement de l’économie néolibérale (réformer le FMI, l’OMC, la Banque Mondiale et l’Euro, empêcher les délocalisations et la mainmise de la bourse sur les institutions publiques), redonner à l’État une justice sociale, une souveraineté économique, sociale, et politique, répartir les richesses de manière équitable. En France, rédiger une sixième constitution qui soit citoyenne, participative et socialiste. Bref, agir et éviter que le pire d’aujourd’hui ne se transforme en calvaire quotidien, en soumission atroce à la dictature totalitaire des marchés financiers et entreprises multinationales.  

 

            A la suite d’une crise d’ampleur suffisamment conséquente pour qu’elle fasse trembler les Empires et leurs économies, quand l’Homme ne se mue que par la crainte de l’avenir et l’élite dans la peur de vaciller, les opinions se radicalisent et deux idéologies poignent au carrefour des civilisations : à gauche, le socialisme et le fascisme à droite. Nous sommes en 2011, mais se reproduit le spectre de ce qui s’est passé dans les années 1930 en Allemagne avec l’élection d’Adolf Hitler, ou la victoire de Franco en Espagne en 1936 sur les républicains communistes et sur les anarchistes. Dans les années 1930, le fascisme et la guerre ont permit aux entreprises de canaliser la foule et surtout, d’accélérer leurs débouchés économiques (voir le rôle d’IBM dans la Shoah…). L’Humanité est au milieu du « Y » qui sépare la route en deux, mais pour une fois, la résistance n’est peut-être pas restée bloquée au feu rouge. Habituellement, le virage radical à droite est prévisible, en ce que les totalitarismes sont profitables aux oligarchies (suppression des syndicats, de la liberté d’expression, rupture des droits du travail, répression, culte inféodé du chef charismatique, etc.). Mais les peuples de notre époque, possèdent internet pour s’informer, et depuis janvier 2011, la crise mondiale fait aussi prendre conscience que l’idéologie néolibérale ne repose que sur une chose : la propagande de la minorité qui asservit la majorité. Les gens deviennent conscients, résistants, parfois militants autodidactes face à toutes ces inégalités de traitement, et accumulent de la colère silencieuse. Ils n’ont pas fait l’ENA ou Science-Po, mais savent que si leurs factures augmentent, c’est parce que certains actionnaires l’ont décidé arbitrairement du haut d’une tour en verre. Le problème, c’est que demander aux élites de prendre en compte la rage des minorités qui gronde, c’est comme expliquer à un sourd qu’il faut qu’il entende.

 

J’attends ce moment où un enfant se rend compte qu’on se moque de lui, que le Père Noël n’existe pas, sans que les parents perchés dans leur tour d’ivoire, n’aient pu anticiper le déclic cognitif…Déclic qui se fera par les urnes ou avec violence. L’idéologie néolibérale vit ses derniers mois, c’est pour cela que ses tenants accélèrent le processus de libéralisation. La suite n’est plus qu’une question de temps. Nous sommes dans un bolide traçant dans le brouillard sans aucune visibilité. Les élections de 2012, pour ce qui est de la France, promettent peut-être de se montrer les plus intéressantes qui soient depuis 1958. Car chose qui ne s’est jamais produite, c’est la première fois que la gauche (« extrême ») socialiste semble unie et constructive sur un même front, autour d’un projet de société alternatif de taille. Agissons.

 

1. Selon les déclarations démagogiques d’un ineffable homme (d’affaires) politique un jour de campagne électorale pour la présidence, un homme innommable qui voulut devenir calife à la place du calife. La croissance avec les dents, qu’il y aille, c’est que la croissance, nombre de chômeurs, salariés, étudiants et travailleurs précaires l’attendent toujours... Ils se sont ravagés les dents sur le marché du travail et n’ont plus assez d’indemnités pour payer le dentiste.

 

2. http://www.bastamag.net/article1719.html.

3.http://www.presseurop.eu/fr/content/article/977471-va-droit-au-genocide-financier.

 

Samuel Moleaud.

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